L’avenir de la Composante Médicale devrait se dessiner en 2017

Photo Peter Leduc/BE Defense
Photo Peter Leduc/BE Defense

Des quatre Composantes de l’armée belge, la Composante Médicale est sans doute la moins connue et la plus discrète. Avec un peu moins de 2000 hommes, elle est la plus petite avec une proportion de 5,4% au sein de la Défense. Avec la mise en place de la vision stratégique du ministre Steven Vandeput, elle devrait connaitre de profonds bouleversements. Beaucoup de spéculations ont circulé lors de cette fin d’année 2016 au sein du Département. 2017 devrait permettre d’y voir un peu plus clair à moins que les annonces soient encore retardées.

Le cas de l’Hôpital Militaire Reine Astrid de nouveau sur la table

L'Hôpital Militaire Reine Astrid le jour des attentats du 22 mars (photo BE Defense)
L’Hôpital Militaire Reine Astrid le jour des attentats du 22 mars (photo BE Defense)

En 2016, la Composante Médicale aura été mise à rude contribution avec les attentats du 22 mars et aura joué pleinement son rôle. L’Hôpital Militaire Reine Astrid en est un symbole. Il a accueilli un tiers des victimes des attentats, une situation inédite à laquelle le personnel a su faire face et s’adapter. Pourtant des spéculations demeurent autour de son avenir et ce n’est pas la première fois. En 2014, il était déjà question dans la presse d’une privatisation au point que l’ancien commandant de la Composante Médicale, le Médecin Général-Major Geert Laire, avait produit un document pour défendre l’Hôpital, demandant une rentabilisation des moyens. La vision stratégique prévoit une rationalisation du coût de fonctionnement global de 20 à 25% avec l’étude de cinq business models. On se dirigerait vers une collaboration interdépartementale et civilo-militaire renforcée. Il devrait rester un élément central de la médecine militaire. Il possède un Centre des grands brûlés à la réputation internationale. En novembre 2015, ce Centre avait accueilli 8 patients roumains du grave incendie de la discothèque, qui avait fait 32 morts et 90 blessés. Pour cette action, il avait reçu la plus haute distinction roumaine.  Les résultats d’un audit indépendant devaient être disponibles fin 2016 mais ils ne sont pas encore arrivés.

Le 1er EMI défilant le jour de la Fête Nationale le 21 juillet 2016 (photo Composante Médicale)
Le 1er EMI défilant le jour de la Fête Nationale le 21 juillet 2016 (photo Composante Médicale)

Le cas emblématique du 1er EMI

La plus grosse polémique de cette fin d’année a été la non-annonce de la fermeture du 1er EMI (Élément Médical d’Intervention) de Lombardsijde par manque d’officiers pour mi-2017 dans une note interne en date du 28 octobre 2016 qui a fuité.  Cette note interne a été mise en ligne sur le site du député Écolo Wouter De Vriendt. Certains syndicats ont dénoncé une décision arbitraire prise dans le dos des principaux intéressés. La nouvelle a provoqué une vive inquiétude au sein du personnel de l’unité concernée. Le ministre Steven Vandeput a dû apporter une clarification, apportant plus largement une vision d’ensemble sur la situation de la Composante Médicale. Un manque d’officiers va bientôt se faire sentir. Des mesures ont été prises dans le recrutement mais leurs effets ne se feront sentir qu’en 2030. Pour compenser ce manque, la Défense fait pour l’instant appel à des médecins civils contractuels. La situation sera particulièrement difficile pour le 1er EMI mi-2017 mais il n’est pas question d’une fermeture collective, simplement d’une réorganisation. Cette unité est importante comme soutien médical aux deux Composantes Terre et Marine en Flandre Orientale et en Flandre Occidentale. Cette note, qui n’était en fait qu’une proposition stratégique interne, n’aurait jamais dû être rendue publique et il y a eu une faille. Sa diffusion en dit long sur l’inquiétude du personnel médical militaire alors qu’une réorganisation globale se profile.

Photo BE Defense
Photo BE Defense

Vers la disparition de la Composante Médicale en tant que telle

Dans les changements au sein de la Défense qui se profilent pour 2030, la Composante Médicale ne va pas disparaître mais se dissoudre dans les autres « dimensions » (nouveau nom donné au composante), avec l’apparition d’une dimension renseignement-cyber-influence à part entière. Elle se retrouve dans le commandement et l’appui opérationnel. Désormais, elle va s’articuler autour de trois grands piliers d’organisation : un pilier opérationnel appelé « capacités » (62% de la capacité médicale totale), un pilier de mise en condition centralisé pour la préparation médicale des troupes et un pilier de support aux différentes activités médicales. Des coopérations sont possibles sur le plan national, renforçant le soutien à la sécurité intérieure. La Défense belge réfléchit également à une meilleure coopération au niveau européen et en premier lieu le Benelux. Ses effectifs vont diminuer autour des 1755 ETP, prenant un peu plus d’importance au sein d’une Défense de 25000 ETP (7%). Actuellement la Composante Médicale est soumise à un audit global. Les conclusions de cet audit sont attendues pour mi-2017. De là devraient découler les premiers choix dans sa réorganisation.

Toutefois, les premiers changements notables ne devraient pas intervenir avant 2021. L’inquiétude reste présente au sein d’une Composante en plein doute face à la restructuration annoncée. Son commandant, le Médecin Général-major Pierre Neirinckx, a rassuré et remotivé ses troupes fin novembre dans un communiqué qui confirmait également la mauvaise ambiance : « De nombreuses études sont en cours, et des rumeurs ou des fuites mal intentionnées d’une petite partie de ces analyses créent malheureusement encore plus de frustration et de doutes. (…) Ne baissez pas les bras, soignez vos patients, entraînez-vous, et restez fiers de ce que vous êtes capables de faire pour la Santé de nos militaires ! » En attendant les premières décisions, il demande à son personnel de faire confiance à la hiérarchie.

 

Un commentaire

  1. […] Objet de spéculations depuis plusieurs années, l’Hôpital Militaire Reine Astrid devrait être fixé sur son sort après qu’un audit ait été réalisé selon un communiqué du commandant de la Composante Médicale le Général-Major Pierre Neirinckx. L’hôpital pourrait devenir une structure hybride avec deux volets: un volet purement militaire et un volet civilo-militaire. […]

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