La Belgique réfléchit à une participation à l’opération Sophia en 2018

crédit-photo Daniel Orban/BE Defence

Depuis 2015, la Belgique a participé trois fois à l’opération Sophia par ses frégates Louise-Marie et Léopold Ier ou bien encore par son navire de soutien logistique Godetia. En 2018, sa participation est loin d’être certaine. Des questions sur son efficacité se sont faites entendre au sein du gouvernement au mois de juillet dernier durant la mission de la frégate Louise-Marie. Le gouvernement belge estime que le mandat n’est pas assez large et voudrait l’étendre aux eaux territoriales libyennes.

Pour se baser sur sa décision, le gouvernement veut faire la distinction entre réussite opérationnelle et réussite stratégique. « Au niveau tactique et opérationnel l’engagement de nos frégates peut être évalué positivement. Les frégates belges et leur équipage ont rempli leurs devoirs avec professionnalisme ce qui a été apprécié par tous les partenaires. D’un point de vue stratégique force est de constater que l’opération Sophia n’a jusqu’à présent pas encore pu atteindre les objectifs fixés », expliquait dernièrement le ministre de la Défense Steven Vandeput en réponse à une question écrite de la députée Barbara Pas (Vlaams Belang). Durant la dernière mission de la frégate Louise-Marie et de ses 176 hommes d’équipage, aucune interception de passeurs n’a été effectuée. Le navire belge a porté assistance à 115 migrants qui ont été transférés ensuite sur un bateau britannique.

Le capitaine de frégate Guy Schotte, commandant de la Louise-Marie, était tout aussi lucide dans son bilan de la mission: « En mer, nous n’interceptons que des seconds couteaux. Mais l’identité des véritables trafiquants et la manière dont ils procèdent se dessinent progressivement (…) Dans les eaux internationales, il n’est pas toujours possible d’entreprendre une action immédiate mais je reste convaincu qu’à terme, la cartographie de l’organisation aura son utilité », constatait-il. Pour réaliser cette cartographie, la frégate belge a pu aussi se baser sur les interrogatoires des différents navires rencontrés dans la zone d’opérations. L’aspect dissuasif compte également mais ce n’est pas suffisant. L’engagement de la frégate belge pour une durée d’un mois aura coûté un peu moins de 8 millions d’euros de quoi faire réfléchir le gouvernement sur le ratio coût-efficacité en période de restrictions budgétaires si on prend en plus en considération la politique migratoire de la N-VA.

« L’opération Sophia lutte contre les passeurs, mais n’a pas encore évolué vers les phases 2B (extension vers les eaux territoriales libyennes) et 3 (action sur le littoral libyen) », expliquait la semaine dernière le ministre des Affaires Étrangères Didier Reynders en commission. « Le mandat de l’opération Sophia et l’élargissement vers les eaux territoriales Libyennes font partie des différents facteurs dont la Défense doit tenir compte pour l’engagement futur de nos frégates », précisait le ministre Steven Vandeput de son côté en réponse à la député Barbara Pas. Pourtant en concertation avec le ministère de la Défense, le gouvernement belge par l’entremise du ministère des Affaires Étrangères a donné son approbation pour le prolongement du mandat de l’EUNAVFOR Med jusqu’en décembre 2018…sans nouvelle participation d’une frégate belge ? Le gouvernement laisse planer le doute.

La participation belge à l’opération Sophia pour 2018 est à l’étude dans le cadre du dossier global sur l’engagement opérationnel de l’armée belge pour l’année prochaine. Le dossier sera présenté en fin d’année. De son côté, l’opposition socialiste s’est déjà dite favorable à une nouvelle participation belge en 2018.

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