La fin de l’opération Vigilant Guardian officiellement évoquée pour la première fois

Des militaires de l’opération Vigilant Guardian à Zaventem après les attentats du 22 mars (crédit-photo Sedeyn Ritchie/BE Defense)

En évoquant la possibilité d’une baisse du niveau de la menace terroriste dans les mois à venir à deux jours du Nouvel An dans le quotidien flamand De Standaard, le ministre de l’Intérieur N-VA Jan Jambon a laissé entrevoir la fin de l’opération Vigilant Guardian, qui mobilise toujours actuellement environ 1.000 militaires belges.

Jan Jambon a indiqué que la Belgique se prépare à réajuster le niveau de la menace, tout en soulignant que la décision sur ce point revenait à l’OCAM. « Nous espérons que nous pourrons passer au niveau 2 dans le courant des prochains mois », a indiqué son cabinet au quotidien flamand De Standaard.« Cela signifierait que la situation est plus sûre mais pour des raisons budgétaires » également, cela a son importance. Cela signifierait tout simplement la quasi fin de l’opération Vigilant Guardian puisqu’il n’y aurait plus qu’une poignée de militaires dans les rues. L’annonce du ministre entraîne donc des changements importants.

Le niveau de menace, facteur déterminant

Interrogé à plusieurs reprises sur la fin de l’opération, le ministre de la Défense Steven Vandeput a toujours été très clair. Le calendrier de l’opération Vigilant Guardian dépend du niveau de menace et non pas d’une date fixe. Aussi longtemps que le niveau de menace restera à trois et que la police en exprimera le besoin, la Défense se tiendra prête à l’appuyer. En cas de baisse du niveau de la menace de trois à deux, les militaires se retireront de la rue.

La décision reviendra à l’OCAM

L’évaluation du niveau de menace revient à l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace). Créé en 2006, l’OCAM a pour mission d’effectuer des évaluations stratégiques et ponctuelles sur les menaces terroristes et extrémistes à l’encontre de la Belgique. Il est est placé sous l’autorité conjointe des ministres de l’Intérieur et de la Justice et comprend un directeur et un directeur-adjoint, qui assurent la direction et la gestion quotidienne; les experts qui sont détachés des services d’appui; les analystes engagés spécifiquement à cet effet ainsi que le personnel administratif. L’OCAM établit ces analyses sur base de renseignements qui lui sont communiqués par les différents services partenaires, à savoir les services des polices fédérale et locale, les services de renseignement, le SPF Mobilité, le SPF Intérieur, le SPF Affaires étrangères et le SPF Finances.

Une « naïveté sécuritaire belge » pour le politologue Joseph Henrotin

Toutefois, le niveau de menace pourrait rester à 3 dans certains lieux sensibles, précise le cabinet de Jan Jambon, comme les lieux de culte ou les ambassades. L’annonce du ministre de l’Intérieur surprend alors que jusqu’ici le gouvernement avait laissé entendre que le niveau de menace resterait à trois pour longtemps. La forte contrainte budgétaire d’un tel niveau de menace (ndlr: rien que l’opération Vigilant Guardian a déjà coûté plus de 100 millions d’euros) semble avoir pris le dessus. Le politologue belge Joseph Henrotin a souligné sur Twitter la « naïveté sécuritaire belge » suite à cette annonce:  » On n’a pas (encore) appris en 20 ans que le niveau de la menace ne dépend pas du budget disponible. La « vision », d’essence managériale, est aussi la démonstration du piège que représentent ces logiques de niveaux. En théorie, ce sont des indicateurs techniques (que faire à quel niveaux pour quelles institutions). En pratique, médias et populations se les sont appropriés.Or, évidemment, la « dialectique des volontés opposées » n’a que faire des états d’âmes budgétaires. L’ennemi, qui se reconfigure et ne perd pas l’initiative, y verra certainement un signe de faiblesse. Quant au politique, il ne peut qu’en payer le prix en cas d’attaque… », écrit-il.

De son côté, l’armée belge se tient prête à être déployée dans les rues jusqu’en 2020 comme l’a indiqué le général-major Marc Thys, chef de la Composante Terre, en août dernier dans une interview au quotidien flamand De Standaard. Le planning de la Défense a été prévu en conséquence. Le programme des entraînements a été revu et les exercices de grande ampleur impliquant plusieurs unités sont privilégiés. Un nouveau corps de sécurité doit voir le jour d’ici 2019 pour remplacer les militaires dans les rues. La façon dont l’opération Vigilant Guardian prendra fin reste plus que jamais floue.

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