Les raisons multiples de l’annulation de la mission du Special Operations Regiment en Afghanistan

Plusieurs facteurs ont conduit à la décision de ne pas déployer le Special Operations Regiment en Afghanistan (crédit-photo Daniel Orban/BE Defence)

Le non-déploiement du Special Operations Regiment en Afghanistan est le résultat de plusieurs facteurs.

Le plan des opérations 2019 envisageait l’envoi en Afghanistan d’un contingent de 135 hommes avec des éclaireurs et des instructeurs plus un détachement de Forces Spéciales à partir de septembre pour une durée d’un an. Il devait s’agir du premier grand déploiement opérationnel du tout nouveau Special Operations Regiment, un vrai test grandeur nature un peu plus d’un an après sa création. Par la même occasion, l’armée belge aurait été très présente en Afghanistan.

Courant 2019, l’idée a été abandonnée par l’Etat-Major de la Défense. En lui-même, le déploiement a toujours été présenté comme hypothétique. Quand le plan des opérations avait été présenté en 2018, la Défense avait précisé que le déploiement du SOR en Afghanistan était toujours à l’étude et restait à définir avec les autres partenaires. Trop compliquée, cette idée n’a pas abouti même si cela aurait été l’occasion pour les unités du Special Operations Regiment d’évoluer dans une autre mission que de la formation de troupes étrangères.

Une conjoncture de facteurs a conduit à cette décision. Responsable de la Division Opérations de la Défense, le capitaine de vaisseau Carl Gillis nous avait expliqué qu’il n’y avait pas eu d’opportunité du côté de l’OTAN alors que les forces américaines étaient en diminution et que des négociations étaient en cours. Interrogé en commission la semaine dernière, le ministre de la Défense Didier Reynders a donné une version légèrement différente. « Au cours de ces discussions et de la mission d’établissement des faits sur le terrain, il est apparu que les conditions de sécurité s’étaient détériorées et qu’il n’était plus opportun d’exécuter la mission proposée », a-t-il expliqué aux députés. Il semble que les éléments proposés par l’armée belge ne répondaient pas aux besoins de l’OTAN dans cette région. Des questions financières seraient rentrées aussi dans la balance. Une telle mission avec un détachement en tout de 289 hommes aurait nécessité un gros budget et la Défense belge a des moyens limités d’où la décision de se concentrer sur le Niger. Le fait que le gouvernement soit en affaires courantes n’a sans doute pas joué non plus en la faveur d’un tel déploiement conséquent et aurait nécessité une discussion à la Chambre.

Le plan des opérations 2020 n’a pas encore été arrêté même s’il devrait être dans la continuité de 2019 sans grande nouveauté à part l’éventualité d’un nouveau déploiement des F-16 en Irak. Il doit être discuté au sein de la commission du suivi des missions à l’étranger cette semaine.

2 commentaires

  1. La vraie raison de cette dégonflade est à chercher plutôt dans le souci d’éviter la moindre perte, qui serait politiquement et médiatiquement trop difficile à gérer. L’armée belge a depuis longtemps pris l’habitude de laisser les missions de combat aux autres et à se cantonner à de la garde ou de la logistique, de l’entrainement ou éventuellement à des opérations aériennes peu risquées. Ici, avec le SOR, le risque de perte était vraiment trop grand… On ne peut décemment pas aligner de tels soldats d’élite dans des tâches de soutien, il me semble naturel qu’ils aillent au contact. Et qu’éventuellement, il y ait des victimes.. On est une fois dans ce concept éculé de la guerre chirurgicale, du zéro risque, de la guerre façon jeu vidéo. La réalité, ce n’est pas ça. Regardez les pays qui s’engagent vraiment dans ces pays : ils ont à déplorer parfois des pertes. Pas plus tard que cette semaine pour ces militaires français.

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