La rémunération des militaires n’a pratiquement pas changé depuis vingt ans

Le salaire des militaires belges a très peu évolué ces vingt dernières années (crédit-photo Vincent Bordignon/BE Défense)

La rémunération des militaires n’a pratiquement pas changé depuis vingt ans.

Après l’audition du lieutenant-général Jan Hennes, directeur général Human Ressources de la Défense (DG HR), et du général-major Marc Thys, commandant de l’équipe de transition de la Défense, en commission à la Chambre le 15 janvier, c’était au tour des syndicats le 29 janvier dernier. Cette audition a eu lieu dans le cadre de la proposition de résolution déposée par des députés socialistes sur la politique des ressources humaines au sein de la Défense en octobre dernier.

Lors de son audition, le lieutenant-général Jan Hennes n’avait pas souhaité s’étendre sur la rémunération des militaires et surtout ne l’avait pas réellement vu comme une solution au problème. Les syndicats dans leur ensemble ont pointé la rémunération comme l’une des sources du problème. C’est surtout Walter Van den Broeck du syndicat ACV-Defensie qui a évoqué le problème. « Il est grand temps que le système de rémunération soit revu. Le salaire est un problème à la Défense. Dans le privé, on regarde tous les deux ans comment il va évoluer. A la Défense, il y a eu deux révisions depuis les années 1990. On s’est limité à un réajustement des rémunérations intermédiaires », a-t-il expliqué. En mars 2019, ACV-Defensie a publié une étude du salaire des militaires et de son évolution sur son site internet. Depuis 1994, une seule révision a eu lieu et c’était en 2003. Les différentes législatures, qui se sont succédé, n’ont jamais révisé le barème. Le ministre de la Défense Steven Vandeput ne trouvait pas les barèmes normaux mais n’a pas souhaité se pencher sur le problème. Soit c’était pour tout le monde, soit c’était pour personne.

Walter Van den Broeck, du syndicat ACV-Defensie, a présenté les écarts salariaux entre la Défense et les autres métiers de la Fonction Publique

Or si le syndicat ACV-Defensie pointe ce manque d’attractivité du salaire du militaire comme un grand problème, c’est que la Défense subit la concurrence des autres métiers de la fonction publique avec des écarts salariales non négligeables. Entre un adjudant et un inspecteur de police, la différence sur un mois est de 487 euros indexés. Au-delà de la concurrence, le salaire du militaire ne suit pas l’évolution de la croissance et du marché. « Il y a un sérieux problème de rémunération. Il est nécessaire de modifier les barèmes pour consolider l’armée étant donné la compétitivité avec les autres secteurs. Il faudra arriver à un salaire conforme au marché à terme », a-t-il insisté. Les militaires ne comptent pas leurs heures. « Les militaires travaillent officiellement 38 heures par semaine. En pratique, ils ont travaillé 2789 heures par an et pour certains 66 heures par semaine », souligne-t-il. Une mission telle que Vigilant Guardian est éprouvante avec des patrouilles pendant une journée pleine.

C’est pourquoi le syndicat SLFP-Défense a insisté sur la spécificité du métier du militaire. « L’armée a effectué de bonnes missions ces dernières années avec Vigilant Guardian et Spring Guardian. Elle a mis à disposition un hôpital en temps de crise. Lors des dernières alertes à l’anthrax, l’analyse a été faite au laboratoire de Peutie. Le service de déminage (SEDEE) est activé tous les jours. La Composante Air surveille l’espace aérien. Ce n’est pas tout le monde qui risque de sauter sur une mine lors de son travail », développe Boris Morenville. Lors des grèves, les militaires ont également remplacé les policiers et les gardiens de prison ce qui fait dire au syndicat SLFP-Défense que le militaire est un briseur de grève « bon-marché ». Le syndicat a demandé un meilleur statut inscrit dans un accord sectoriel. Quant au syndicat ACMP-CGPM tout comme ACV-Defensie, il veut un traitement correct et conforme au marché.  « Le défi le plus important se situe dans le personnel. On aura des décisions importantes à prendre dans les années à venir. La sécurité n’a pas de prix quand il s’agit de notre famille. Je veux parler des collaborateurs de la Défense. Ils sont le plus grand capital de sécurité de notre pays. Mais qu’est-ce qu’on veut payer pour ça ? », s’interroge de son côté Hans Le Jeune du syndicat CGSP-Défense. La balle sera aussi dans le camp des politiques.

Le sujet de la grève est revenu dans les discussions puisque le militaire est le seul métier qui n’a pas le droit de grève. Les syndicats n’y sont pas favorables mais demandent une meilleure concertation syndicale en échange. Le modèle néerlandais a été montré en exemple puisque l’armée est obligée d’avoir un accord avec au moins deux syndicats avant de pouvoir prendre un arrêté ou fixer une législation. En 2017 et 2019, le salaire des militaires néerlandais ainsi que la prime de fin d’année ont augmenté après d’âpres négociations entre le ministère et les syndicats.

3 commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.