Le recrutement, la victime collatérale de la crise du Covid-19

Le recrutement au sein de la Défense belge est au point mort (crédit-photo ERM)

Le recrutement, la victime collatérale de la crise du Covid-19.

Tests de sélection suspendus, formation à l’arrêt, le recrutement au sein de la Défense belge est au point mort depuis mi-mars et le début de la crise du coronavirus. Tour d’horizon. 

Plus aucune incorporation possible

Alors que c’est un domaine dans lequel la Défense est déjà sous forte tension, le recrutement est pratiquement pour ainsi dire totalement à l’arrêt. Depuis le début du confinement en Belgique i-e le 18 mars, l’armée a suspendu son recrutement et ses tests de sélection. Les postulants devront attendre une nouvelle date pour passer les tests. « Le recrutement et la sélection de la Défense se déroulent à l’Hôpital Militaire Reine Astrid de Neder-over-Heembeek. L’hôpital est, comme les autres hôpitaux, strictement soumis aux directives du plan d’urgence hospitalier. Cela veut dire que seules les consultations, visites et interventions urgentes peuvent avoir lieu. Les activités médicales non-essentielles sont suspendues et ne seront autorisées qu’à la suite d’une décision du SPF Santé Publique », nous a expliqué la DGHR. Tant que les test de sélections n’ont pas été fait, il n’est pas possible d’incorporer les candidats. Les activités de formation avait déjà été mises en sommeil la semaine d’avant. Les unités devront patienter avant de pouvoir accueillir leurs nouvelles recrues.

Le coronavirus aura eu raison des Open Days de l’ERM et du campus Saaffrenberg

Arrêt des campagnes de recrutement en plein pic

Au moment du confinement, la Défense était en pleine montée de sa campagne de recrutement avec notamment la mise en place de pop-up stores. Par ses actions sur le terrain, elle reste visible mais les campagnes de recrutement sont à l’arrêt total. « Pour les intéressés, le Contact Center et les 9 Centres d’Information de la Défense sont joignables par téléphone et par e-mail. En plus de cela, le web site et les médias sociaux sont adaptés afin d’informer les jeunes sur la situation », rassure la DGHR. Il n’empêche qu’il est plus difficile de faire du recrutement pro-actif. L’annulation des journées portes ouvertes à l’ERM et à Saffraanberg du 15 et 22 mars ont été un rude coup. « La suspension du recrutement et de la sélection a débuté pendant la période de recrutement traditionnellement intense pour la Défense. Chaque année, il y a un pic de sollicitations à la Défense à la suite des Journées Open Campus », constate-t-on du côté de la DGHR. Lors de la dernière commission de la Défense, le ministre de la Défense Philippe Goffin reconnaissait qu’il y aurait sans doute moins d’inscriptions en 2020 malgré les efforts déployés pour garder contact avec les intéressés.

Avec le concept des pop-up stores, la Défense voulait attirer plus largement de façon innovante (crédit-photo Vincent Bordignon/BE Défense)

La Défense cherche à exécuter au maximum son plan de recrutement 2020

Le problème sera double pour la Défense: intégrer les candidats et en attirer de nouveaux. « Le timing de la reprise du recrutement et de la sélection et l’incorporation dans les unités dépendent des décisions qui seront prises par le Conseil National de Sécurité. Dans ce cadre, la Défense applique toutes les directives de manière rigoureuse. La formation reprendra dès que les conditions seront présentes pour assurer les formations dans des conditions appropriées pour les apprenants comme pour le cadre. Chaque formation étant spécifique, il sera question d’une reprise progressive qui s’inscrit dans le temps », explique-t-on du côté de la DGHR. Cette dernière a travaillé sur deux scénarios avec une reprise des formations au 18 mai et au 2 juin. Le plan de déconfinement, présenté vendredi soir dernier, laisse à penser que la reprise pourra s’amorcer le 18 mai. Pour l’instant, la Défense entend bien tout mettre en oeuvre pour exécuter au maximum son plan de recrutement avec 220 places ouvertes pour les officiers, 600 pour les  sous-officiers et 1 215 pour les  volontaires.« Les mesures sont actuellement à l’étude afin de maximiser la capacité de sélection à l’issue de la période de confinement. Il est actuellement trop tôt pour parler d’un nombre de places à reporter », indiquait, lui, le ministre Philippe Goffin. La situation pourrait avoir un effet-domino sur le recrutement en 2021. Pour la réserve, le recrutement ne reprendra qu’au mois de septembre.

Des recrues reçoivent leur béret après avoir effectué leur formation (crédit-photo bataillon Libération-5 Ligne)

Des conséquences dans les unités ?

« L’interruption de la période de sélection mènera à un retard dans le processus de recrutement qui ne pourra peut-être pas être complètement compensé », reconnaît la DGHR. C’est une des craintes des syndicats, et plus particulièrement le SLFP-Défense. « Notre principale inquiétude repose sur le report à juste titre des incorporations des volontaires avec une conséquence à moyen et long terme sur les effectifs au sein des unités en espérant qu’entre-temps les candidats ne se tourneront pas vers d’autres opportunités », s’alarme Dimitry Modaert, dirigeant du syndicat SLFP-Défense. La prochaine échéance cruciale sera les incorporations du mois d’août pour les sous-officiers et les volontaires. Fin mars, le chef de la Composante Terre, le général-major Pierre Gérard, avertissait déjà que la Composante serait sous pression lors du dernier trimestre notamment pour ces raisons.

Avec la situation actuelle, la Défense se trouve sous le feu des projecteurs dans le cadre de l’aide qu’elle apporte mais la DGHR estime qu’il est encore trop tôt pour savoir si cela aura un effet positif sur son image. Cela pourrait compenser l’arrêt des opérations de recrutement auprès du public. Il n’en reste pas moins que cela ne va pas arranger les ressources humaines de la Défense déjà sous forte tension.

8 commentaires

  1. Bonjour,c’est bien dommage car mon fils devait s’inscrire avant le 20/04 dans le recrutement de sous-officier de renseignement et ce demande quoi maintenant, je trouve que la défence à été trop vite en annulant tout ,pour ma part elle aurait dû laisser les inscriptions et reporter les tests

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  2. Le problème du recrutement a toujours été présent dans notre pays. Déficit d’estime, manque de vision, coupes répétées dans le budget, tout contribue à cette situation. Lorsque j’étais élève à l’ERM, le diplôme obtenu n’était même pas validé par les autorités académiques, malgré l’excellence de l’enseignement et la difficulté du concours de sélection. Les choses ont changé, c’est vrai, mais sous la pression. Après avoir été recruté au sein de l’ONU, j’ai pu apprécier combien une formation militaire était valorisée ailleurs, notamment aux USA et en Grande Bretagne, alors même qu’elle est brocardée dans mon propre pays. Si on accordait à ces jeunes gens qui veulent s’engager et qui acceptent de faire d’énormes sacrifices une VRAIE perspective d’avenir, sans doute aurait-on davantage de succès. Mais les mentalités sont lentes à changer, j’en ai peur. Mon fils a la double nationalité et la chose militaire l’attire. Je lui ai conseillé Saint Cyr ou l’X… A mon grand désespoir.

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    • Qu’il fasse l’X alors, c’est internationalement reconnu et ouvre bien des débouchés professionnels.
      Saint Cyr ne mène à rien, à part à faire CDU pour la très grande majorité.

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