Le comité stratégique dresse la liste des besoins de la Défense

La ministre de La Défense Ludivine Dedonder a mis en place un comité stratégique pour actualiser la vision stratégique de 2016 (crédit-photo Ritchie Sedeyn/BE Défense)

Le comité stratégique dresse la liste des besoins de la Défense.

Alors que le rapport du comité stratégique réuni par la ministre de la Défense Ludivine Dedonder sera présenté ce mercredi 23 juin en commission de la Défense nationale à la Chambre, plusieurs éléments de ce rapport ont été publiés dans la presse (La Libre et la VRT par exemple) en avant-première. Voici quelques-uns de ces éléments.

Sur le plan humain, l’objectif de 25 000 personnels est considéré comme insuffisant et comme devant être renforcé, en particulier pour la Composante Terre et les missions Cyber. Plusieurs recommandations sont formulées afin d’étendre ce chiffre :

  • Meilleure répartition territoriale (ce qui est déjà en cours d’amélioration)
  • Amélioration de l’équilibre travail-vie privée
  • Collaboration avec le secteur privée
  • Ciblage des personnes sans emploi, sans diplôme ou sans formation
  • Augmentation la part de personnel civil (15% contre 5 aujourd’hui).

On sait que la ministre Ludivine Dedonder est particulièrement attentive aux aspects RH de la Défense avec son plan POP  (People Our Priority) lancé en février dernier.

Les principaux achats de matériel qui arriveront d’ici 2030

Sur le plan du matériel, les experts ont dressé une liste de recommandations. Si elles font parfaitement sens à la vue du contexte actuel et des tendances à l’œuvre dans le reste du monde, elles n’en restent pas moins difficilement envisageables en Belgique vu la frilosité du monde politique vis-à-vis des questions de Défense. L’opinion publique est peu favorable aux dépenses militaire et la mise en œuvre de ces recommandations nécessiterait  des investissements financiers importants. En effet, les experts proposent, entre autres, les développements suivants :

  • Augmentation du nombre de F-35 ou d’un autre appareil et acquisition de drones capables d’accompagner ceux-ci, armement des F-35 avec des missiles air-air à longue portée et des missiles de croisières
  • Armement des drones MQ-9B ;
  • Participation de la Belgique dans le programme de défense anti-missile balistique de l’OTAN
  • Participation au programme franco-allemand MGCS (Main Ground Combat System), programme devant dans un premier temps conduire à un successeur des chars lourds Leclerc et Leopard 2
  • Acquisition d’hélicoptères et d’avions à décollage et atterrissage court.
La Composante Air va grandement réduire le plan de vol de ses 4 NH-90 TTH. Un nouvel appareil pourrait les remplacer (crédit-photo Sedeyn Ritchie/BE Défense)

Une partie de ces propositions devraient être suivies d’effet, comme les nouveaux hélicoptères (le H-145 serait envisagé) vu le retrait programmé d’une partie des NH-90 et la fin de vie des A-109. On peut penser aussi aux avions à décollage et atterrissage court à destination des Forces Spéciales qui étaient déjà présents dans la vision stratégique de 2016. On peut malheureusement douter que la Belgique investisse dans certaines voies, telles que les missiles de croisières ou les chars lourds.

La Belgique est encore loin des 2% de PIB consacré à la Défense exigé par l’OTAN, et si la crise du Covid a permis de renforcer l’image de la Défense dans sa mission d’aide à la nation, l’affaire Jürgen Conings et celle de l’incendie du terrain militaire de Brecht n’ont pas joué en sa faveur.

La cybersécurité est un domaine en plein développement au sein de la Défense et pourrait être financée par le plan de relance européen (crédit-photo BE Défense)

Avec le plan de relance européen à la suite de la crise sanitaire, le gouvernement pourrait évaluer quelle proportion investir dans les industries de Défense présentes sur son sol. Cela permettrait d’une part de soutenir l’industrie locale et, d’autre part, d’augmenter les capacités de l’armée. En France, par exemple, la ministre des Armées, Florence Parly, avait annoncé l’acquisition de huit hélicoptères Caracal supplémentaires comme mesures de soutien à l’économie.

Le comité stratégique réunit 12 experts universitaires. Il a pour mission d’actualiser la Vision Stratégique de 2016 et la loi de programmation militaire à l’horizon 2030-2040 en tenant compte du nouvel environnement géostratégique. Mis en place en janvier dernier, son rapport était attendu pour fin mai. Il fera l’objet de discussions politiques et un vote sur le texte est espéré pour septembre prochain.

 

9 commentaires

  1. L’horizon est donc 2030, c’est à dire demain pour plus de matériels et plus de personnels, qui n’y souscrirait pas…
    https://www.belgiandefencenews.be/news/du-materiel-plus-performant-et-davantage-deffectifs-voila-a-quoi-devrait-ressembler-la-defense-en-2030/

    La Belgique serait donc invitée au projet MGCS qui, comme tous les projets européens, joue aux montagnes russes des négociations entre pays:
    https://www.forcesoperations.com/mgcs-et-maintenant-la-belgique/

    https://www.usinenouvelle.com/article/feu-vert-des-deputes-allemands-au-projet-europeen-d-avion-de-combat-du-futur-le-scaf.N1110984

    Tandis que les commerciaux américains font toujours le forcing…
    https://www.meta-defense.fr/2021/06/23/la-suisse-va-t-elle-selectionner-le-f35-malgre-elle/

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  2. Le constat est clair dans ces recommandations (p12), le projet CaMo ne permet pas d’atteindre les objectifs d’une brigade infanterie motorisée. Pour y arriver la Composante terre doit compléter les véhicules à roues 6×6 Griffon, les 6×6 Jaguar (que certains essaient de faire passer pour un AIFV), les véhicules de recouvrement (CRV by Soframe) par un char MGCS.
    Quel gâchis, quel patchwork logistique alors qu’un seul véhicule à roues 8×8 à « scorpioniser » peut assurer la palette des besoins : transport Inf, AIFV, appui-feu direct (105 voire 120 m), recouvrement…

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  3. Piste de réflexion : en sachant que Nexter n’a pas encore obtenu un marché à l’exportation pour son VBCI II (cfr Quatar), il n’est pas certain que ce fabricant verrait d’un mauvais œil le remplacement du Jaguar 6×6 par le VBCI II (version tourelle 40 CTAS & 105 mm – ou 120 mm ?) pour la Composante Terre. On simplifie le parc de véhicule et par ailleurs le prix d’acquisition d’un char Leopard A7+ ou Leclerc est deux à trois fois supérieur par rapport à un VBCI II, que dire du futur MGCS !

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