La Belgique n’est pas prête d’avoir un débat de qualité sur sa politique de Défense

La commission de la Défense n’a pas donné lieu au débat qu’on attendait sur l’actualisation de la vision stratégique 2030

La Belgique n’est pas prête d’avoir un débat de qualité sur sa politique de Défense.

Les débats sur la présentation des documents relatifs à l’actualisation de la vision stratégique auront été surtout le théâtre d’une tribune politique. Les questions de fond n’ont été que partiellement abordées. La faute l’est d’une part à l’organisation et d’autre part aux députés eux-mêmes.

Dès le début des interventions, on a bien vite compris qu’une seule séance ne suffirait pas si on voulait aborder en profondeur les documents. Après plus de 3H30 de séance, la ministre Ludivine Dedonder et les deux coordinateurs n’avaient toujours pas pu répondre aux nombreuses questions consécutives à leurs présentations. Certains groupes se sont exprimés avec deux orateurs avec une moyenne de 15 minutes par intervention. Seul le CD&V ne s’est pas intervenu. Quand les experts ont pu s’exprimer, ils ne restaient plus que 3 députés en commission pour entendre les réponses et une poignée de minutes. Le temps de parole était loin d’être équilibré. Il aurait fallu sans doute présenter ses travaux en plusieurs séances ou bien limiter les interventions surtout pour un sujet d’une telle importance. Certains pourraient rétorquer que le débat se poursuivra lors du projet de loi qui sera déposé mais à ce moment-là les décisions importantes auront déjà été prises et les experts ne seront plus là pour répondre.

La séance a surtout vite tourné à la tribune politique au lieu d’un débat. On aurait pu croire que les alertes récentes sur les graves dysfonctionnements  au sein de la Défense après des années d’économie auraient pu éveiller la conscience des députés ou au moins aiguiser plus en avant leur appétit mais rien de tout cela. A quoi bon analyser les interventions ? On a eu que du réchauffé. Toutes les cases du bingo ont été bien cochées entre les robots tueurs, la course à l’armement, le désarmement nucléaire etc…Bien plus surprenante est l’intervention d’André Flahaut (PS), qui n’est pas au passage totalement étranger à la situation dans laquelle se trouve la Défense belge et qui avait sans doute un bilan à défendre en filigrane. Avancer que la Belgique n’est pas obligée de suivre toutes les obligations de l’OTAN et notamment le fameux chiffre des 2% du PIB interroge pour le moins… On ne manquera pas de rappeler que le gouvernement belge de l’époque, dirigé par un premier ministre socialiste Elio Di Rupo, a signé la Déclaration du sommet du Pays de Galles le 5 septembre 2014 engageant par là-même la parole de la Belgique. La solidarité entre Alliés va dans les deux sens sinon ce n’est plus de la solidarité. D’ailleurs on sait bien pourquoi la coopération européenne (la Défense européenne est un doux mirage) revient sans cesse sur la table car c’est l’excuse « numéro un » pour ne pas investir davantage. C’est sans parler du fait que certains députés ne semblaient pas avoir réellement lu les documents. Au final, une séance pour rien où on n’a pas appris grand chose si ce n’est ce qu’on savait déjà sur les positions des uns et des autres.

Il est bien dommage de voir quel traitement politique et médiatique ont eu ces documents, fruits d’un long travail universitaire totalement bénévole. Il s’agissait pourtant de se pencher sur le futur de la Défense à l’horizon 2040. Cela nécessite donc de prendre des décisions dès maintenant. Aucun expert n’a demandé de partir dans des dépenses folles mais a simplement fait des recommandations face à des lacunes capacitaires pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires. A charge aux politiques d’en tirer les conséquences et de faire des choix. On aurait pu espérer enfin un débat digne de ce nom et sérieux sur les questions sécuritaires de Défense…il n’en a rien été. Peut-être au prochain numéro…ou pas !

 

2 commentaires

  1. Ou pas. Comme d habitude. La défense n a jamais été une priorité pour nos « chers » élus. Jusqu’ au jour , ou , il sera trop tard. je me demande si ce n’ est pas déjà le cas.

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