L’éviction du chef du SGRS crée des remous au sein de la Défense

Le général-major Philippe Boucké lors de son audition devant la commission de la Défense nationale le 14 juillet 2021

L’éviction du chef du SGRS crée des remous au sein de la Défense.

L’éviction la semaine dernière du chef du SGRS, le général-major Philippe Boucké, suite à l’affaire Jürgen Conings a provoqué des réactions inédites la semaine dernière. Trois généraux, dont le vice-chef de la Défense et deux chefs de Composante (Terre et Médicale), ont exprimé leur désarroi face à une telle décision. D’autres réactions de militaires pouvaient se lire sur les réseaux sociaux avec le même ton. Officiellement, la décision a été prise conjointement par la ministre Ludivine Dedonder et le chef de la Défense, l’amiral Michel Hofman. Or selon une communication de l’amiral Michel Hofman à son personnel, cette décision a été prise uniquement par la ministre. Quant au De Standaard, il donne encore une autre version à savoir que le général-major Philippe Boucké ne voulait pas continuer dans ces conditions.

Quelque soit la version, le malaise est profond entre la Défense et le monde politique. Certains députés, en particulier le député MR Denis Ducarme, ont réclamé la tête de responsables dont celle du chef du SGRS. Une seule personne a payé les conséquences de l’affaire Jürgen Conings, le militaire mais pas le politique. Or le militaire exécute les ordres du politique avec les moyens que lui donne le politique. L’état désastreux dans lequel se trouve la Défense est le fruit d’une longue période de désinvestissements effectués par les gouvernements successifs. Quel député démissionnera pour en prendre la responsabilité ? Que ce soit lors de la pandémie ou bien lors du récent épisode d’inondations, on a pu que constater que ces désinvestissements ont des résultats concrets en période de crise mais négativement. Il est trop tard pour agir quand le problème arrive et malheureusement cela a des conséquences pour les citoyens.

Le cas de la ministre de la Défense Ludivine Dedonder est également paradoxal. Les premiers mois de son mandat ont été favorablement accueillis par les militaires avec ses mesures pour le personnel. Au début de l’affaire alors qu’elle était sous forte pression, un groupe avait été créé sur Facebook pour la soutenir. Certains militaires ne souhaitaient pas son départ car cela aurait pu mettre en péril ses réformes alors que les ministres de la Défense se sont succédés ces dernières années. Cette décision d’évincer le chef du SGRS a été reçu comme un très mauvais signal d’autant plus que le service a besoin de stabilité après des années d’instabilité et qu’il était un leader très respecté selon plusieurs témoignages. Cela n’enlève rien aux qualités de son successeur, le vice-amiral Wim Robberecht, qui pourra réussir à réformer ce service. Cette « injustice » pourrait casser cette confiance qu’avait su obtenir Ludivine Dedonder. Elle aura sans doute aussi des répercussions à long terme sur les relations entre le monde politique et la Défense.

La commission de la Défense de ce jeudi sera à nouveau un exercice périlleux pour la ministre Ludivine Dedonder. Durant cette affaire, elle n’a pas été épargnée ni par sa majorité ni par l’opposition. Et pour ajouter au paradoxe, le PS a annoncé que ces ministres au gouvernement démissionnerait dans l’heure si un sans-papier en grève de la faim venait à mourrir… la ministre Ludivine Dedonder pourrait démissionner mais pour un tout autre dossier.

Add: Sur son compte Twitter (en mode privé donc pas visible par tous), le général-major Philippe Boucké a lui-même donné sa version hier soir. « Le 8 juillet, le seul message que j’ai reçu était qu’ils voulaient me remplacer et même lancer une sanction disciplinaire contre moi. Le 14 juillet j’ai été interrogé pendant 4 heures à la commission parlementaire de la Défense, le résultat était connu le jour même, la plupart m’ont soutenu. Le 15 juillet, le jour où il a été décidé de me remplacer, il y avait deux options sur la table. J’ai moi-même indiqué vouloir continuer à condition que le SGRS soit renforcé en personnel. La deuxième option était de me remplacer. Le choix est connu. », écrit-il.

7 commentaires

  1. Dans cette affaire on est loin des tueurs fous du Brabant qui a fini par entraîner la dissolution de la gendarmerie belge…
    Les politiques n’ont pas montré beaucoup d’envergure ni hier, ni aujourd’hui!

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