Dans une interview à la Libre Belgique, le nouveau patron de la Défense depuis juillet, le général Marc Compernol, a fait de nouveau part de ses inquiétudes sur les conséquences de l’opération Vigilant Guardian sur les capacités de l’armée belge.
S’il ne remet pas en cause l’utilité de l’opération, il estime toutefois qu’elle n’est pas la mission première de l’armée et qu’elle commencer à peser. L’an dernier, certains militaires ont effectué 22 semaines de garde. « A côté, ils devaient encore s’entraîner et prendre leurs congés. Ça devient lourd. Cela dit, je ne suis pas d’accord avec certains syndicats quand ils disent que les soldats en ont ras-le-bol. Je suis convaincu que ce n’est pas le cas parce qu’ils se rendent compte que, pour le moment, il n’y a pas d’autres alternatives », a-t-il indiqué selon des propos rapportés par l’agence Belga.
Il s’inquiète sur l’opérationnalité de son armée :« Mais vu la disponibilité de nos gens, on se limite à l’entraînement de base pour la mission qu’ils doivent assumer. Du coup, on perd déjà des compétences », comme celle de déployer une compagnie interarmes dans un conflit d’une certaine intensité. C’est-à-dire une compagnie qui peut mener un combat d’une intensité assez élevée avec tous ses moyens (…) Ça demande un entraînement poussé qu’on ne peut plus organiser. Et puis, il y a un autre problème: il faut faire très attention à ne pas créer une génération perdue (…) de lieutenants et de sergents qui n’ont rien fait d’autre que cette mission, qui ne sollicitent qu’une petite partie des compétences à acquérir. C’est inquiétant. Ils sont en train de rater une phase d’apprentissage qu’il va falloir rattraper. »
Au mois de décembre dernier, le général Jean-Paul Deconinck son homologue de la Composante Terre, la plus concernée par Vigilant Guardian, avait fait part des mêmes inquiétudes dans une interview à L’Écho. À la rentrée, le gouvernement doit se pencher sur un projet de création d’un nouveau corps de sécurité spécialisée, qui doit suppléer les militaires dans la rue.