
Depuis quelques mois et la baisse du niveau de menace à 2, l’opération Vigilant Guardian n’est plus au premier plan. Dans les coulisses, la mise en place de la direction de sécurisation (DAB), le nouveau corps de sécurité qui prendra en charge différentes missions de surveillance, se prépare tout doucement. Sur les 1600 places, 1229 seront réservées prioritairement aux militaires à raison de 150 par an. Pour la première année, le quota ne devrait pas être atteint.
Le premier appel pour les militaires a été clôturé le 16 février dernier. 73 candidatures ont été retenues par la Défense qui les a transmises à la Police. Sur ses 73, 16 ont pour l’instant passé la sélection de la Police. Les autres sont dans l’attente des résultats. Pour le deuxième appel qui s’est clôturé au début du mois, seulement 21 candidats ont été retenus et doivent maintenant passer les tests de sélection de la Police. Les premières incorporations des 16 candidats retenus du premier appel auront lieu durant les prochains mois jusqu’en septembre. Les autres incorporations se feront de septembre à décembre. Pour l’instant, le projet séduit surtout des militaires francophones.
Avec un taux de réussite de plus ou moins 25% à la sélection, le syndicat SLFP-Défense estime qu’environ 94 militaires intégreront le nouveau corps de sécurité en 2018, un chiffre loin des 150 annoncés. De plus, l’incorporation ne signifie pas que le nouvel agent sera immédiatement opérationnel. Il doit suivre une formation de base d’environ six mois dans l’une des quatre écoles fédérales de la Police (Anvers, Gand, Jumet ou Vottem) avant de recevoir sa première affectation. « La Défense contribue très peu à la mise en place de la DAB, ce qui va avoir un impact direct sur la prolongation de notre engagement au sein de l’opération Vigilant Guardian », explique Boris Morenville, délégué au syndicat SLFP-Défense, en commentant ses chiffres. « Quant à l’embauche de militaires dans la police et aux collaborations avec la Défense, notamment l’appui aérien, celles-ci se déroulent beaucoup moins rapidement que prévu », écrivait déjà le site L’Echo en mars dernier. Les chiffres s’expliquent en partie par le fait que pour l’instant, les places ne sont ouvertes qu’aux militaires ayant au moins 20 ans de carrière. En 2019, elles seront ouvertes aux militaires ayant un contrat BDL à durée limitée.

La Défense se trouve pris dans un dilemme cornélien entre la fin de l’opération Vigilant Guardian et le besoin de recruter et de garder ses jeunes recrues. Il est certain que l’opération Vigilant Guardian a eu une incidence sur l’attrition au sein de la Défense. Certains militaires ont quitté l’armée pour rejoindre la Police et faire les mêmes missions sous un autre uniforme. Dans un des derniers numéros de la Revue Militaire belge, le major Philippe Rooms se disait sceptique par rapport au nouveau corps de sécurité, qu’il voyait comme un concurrent à l’armée dans le recrutement. Une fois que le militaire a été incorporé comme agent de sécurisation au sein de la Police, il perd effectivement sa qualité de militaire mais un retour vers la Défense reste toujours possible durant la première année qui suit la date du transfert.
En plus des candidats militaires, 50 nouveaux agents ont débuté leur formation de six mois en février dernier. Ces chiffres confirment que le DAB ne sera pas pleinement opérationnel avant 2019 au moins alors qu’un premier engagement opérationnel est prévu en septembre 2018. La récente attaque à Liège n’a pas changé le niveau de menace, tel qu’il a été décidé en janvier dernier, et n’a donc pas eu de répercussion sur l’opération Vigilant Guardian, qui mobilise désormais depuis le mois d’avril environ 500 hommes sans la capacité de réserve immédiatement déployable.
Depuis le début de l’année, la Défense a largement baissé sa communication autour de l’opération Vigilant Guardian. Parallèlement, on a pu remarquer une montée en puissance d’un engagement plus conséquent au sein d’opérations à l’étranger et l’Etat-Major militaire veut désormais diriger ses effectifs en priorité vers celles-ci. Les exercices d’entraînement devraient également repartir à la hausse comme l’a indiqué dernièrement le gouvernement. L’armée veut tourner la page « Vigilant Guardian ».