La Défense tire les premiers enseignements de sa participation à l’opération enhanced Forward Presence

La Défense belge tire ses premiers enseignements de sa participation à l’opération enhanced Forward Presence (crédit-photo Ritchie Sedeyn/BE Défense)

La Défense tire les premiers enseignements de sa participation à l’opération enhanced Forward Presence.

Le major David Paitier, commandant du dernier détachement belge déployé en Estonie de janvier à mai 2019, a rédigé un article sur l’utilité ou pas de la Belgique de participer à l’opération enhanced Forward Presence. Pour lui, l’interopérabilité qu’exige de tels battlegroups se situe dans trois domaines: systèmes d’information et de communication, langue de communication et standardisation des procédures de planification et d’exécution des missions ou exercices. Il a ainsi pu constater qu’il est techniquement de plus en plus difficile de faire communiquer ensembles des radios, ce qui est une barrière lors d’opérations.

« L’exigence de l’anglais comme langue véhiculaire se retrouve donc au niveau de l’état-major de la compagnie, ce qui est déjà fort « bas » dans le niveau hiérarchique », explique le major David Paitier. Il y a également de nombreux accords de standardisation (STANAG) OTAN en place mais la difficulté réside dans leur application concrète sur le terrain. « Il est parfois difficile, en effet, pour une « grande nation » de sortir de sa doctrine et d’appliquer ce qui a été ratifié à Bruxelles », remarque-t-il. La seule façon d’y faire face est de s’approprier ces normes avant le déploiement sur le théâtre d’opérations. Les armées ne viennent pas non plus avec tous les mêmes éléments s’appuyant parfois sur d’autres pays. « Bien que logique, cela constitue en fait un problème qui doit alors être géré par le commandant de cette compagnie et son état-major, avec les limitations techniques de communication et difficultés de langue décrites ci-dessus. Cet impact peut alors se faire sentir doublement par une perte de moyens d’appui pour l’ensemble du BG, mais aussi par une perte d’efficacité de la compagnie de combat en tant que « pion » du BG », résume le major. Les entraînements avec les nations partenaires constituent donc un défi  avec l’occasion de se redécouvrir.

Plus spécifiquement à la Belgique, les militaires belges ont dû apprendre à se protéger face aux menaces numériques d’où les restrictions sur les portables. Mais surtout la Défense belge a redécouvert certains aspects tactiques. Tout d’abord il y a l’utilisation de filets de camouflage tombés en désuétude et ensuite la nécessité de disposer d’un poste de commandement facilement déployable, mobile et qui peut se camoufler également. Les militaires belges ont dû s’acclimater à l’hiver estonien avec des difficultés sur le terrain et le réseau routier secondaire. Mais pour le major David Paitier, la mission eFP a une réelle utilité par rapport à l’opération Vigilant Guardian. « Le fait de permettre à nos chefs de section et de peloton, tous cadres et soldats, de s’entraîner de manière soutenue et continue dans leur métier de base est certainement un des avantages les plus importants de la mission eFP : elle permet en effet à nos cadres de réellement vivre avec leur peloton, ce qui est un plus pour l’esprit de corps de l’unité », appuie-t-il. Une constatation qui se répète depuis le début de Vigilant Guardian en 2015. La Défense profite de chaque opportunité pour permettre à ses militaires de revenir aux bases du métier.

« Nous pouvons dire que la participation belge à la mission eFP a donc une grande utilité militaire car elle permet de s’orienter résolument vers les conflits du futur et d’avancer dans la même direction que nos alliés et, in fine, de s’aguerrir », résume le major David Paitier. Absente en 2020, la Composante Terre fera son retour en Lituanie en 2021.

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114 commentaires

  1. Ah les jolies colonies de vacances…
    https://blablachars.blogspot.com/2020/07/les-joies-du-camping-blinde.html

    Dans des pays assez peu connus:
    https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-ces-petits-pays-baltes-a-la-peripherie-de-l-europe-6930802

    La France y est:
    https://blablachars.blogspot.com/2020/07/cest-parti-pour-lynx-7.html

    https://blablachars.blogspot.com/2020/08/des-nouvelles-de-lynx-7.html

    Quand à l’exercice de l’armée belge avec les téléphones portables, il y a des chances pour que les résultats catastrophiques soient communs à tous les soldats des armées de l’OTAN:
    https://www.mil.be/fr/article/quand-lennemi-est-dans-votre-poche

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  2. Les actualités sentent bien la guerre froide:
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/09/cette-nouvelle-epreuve-russe-est-un-test-de-maturite-pour-l-europe-qui-l-affronte-sans-les-etats-unis_6051468_3232.html

    Trump a refait des siennes:
    http://www.opex360.com/2020/08/07/la-presence-militaire-americaine-en-norvege-ne-sera-plus-permanente-mais-ponctuelle

    Alors que le COVID-19 a annulé la très grande majorité des exercices internationaux:
    https://fnh.ma/article/actualites-marocaines/coronavirus-les-exercices-de-l-otan-en-norvege-annules

    Pour l’armée française, c’est l’opération Sentinelle qui devore la préparation opérationnelle depuis 2015:
    https://lemamouth.blogspot.com/2020/03/les-alpins-comme-en-40.html

    La Suède et l’OTAN viennent de finir une manoeuvre commune:
    https://www.marianne.net/monde/manoeuvres-militaires-d-ampleur-en-suede-les-questions-de-defense-ont-regagne-en-importance

    Pendant ce temps là, les pays baltes cherchent à renouveler leurs équipements:
    https://blablachars.blogspot.com/2020/09/les-armees-baltes-se-modernisent.html

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  3. La Russie est un ennemi commode pour les États-Unis, leurs relations commerciales n’étant pas importantes, contrairement à la Chine par exemple.
    Les pays européens en sanctionnant la Russie après 2014 se sont bien souvent tirés une balle dans lepied au niveau économique:
    https://www.revueconflits.com/la-russie-ennemi-commode-frederic-munier/

    Considéré les pays scandinaves comme un ensemble stratégique avec les pays baltes est l’approche de l’OTAN, mais il y a toutefois des nuances à apporter:
    https://www.areion24.news/2019/05/31/les-pays-nordiques-une-unite-en-trompe-loeil

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  4. L’artillerie chenillée est la composante la plus lourde des trois armées baltes (se refusant d’avoir des chars, les jugeant trop offensifs et sans doute trop onéreux pour en avoir assez).

    On peut toutefois noter la diversité de l’approvisionnement: Lettonie M109 d’occasion, Estonie K9 avec la Finlande et enfin la Lituanie avec le PZH 2000.

    En soit la logique reste européenne mais selon les aires d’influence dans lesquels se sont placé ces pays. L’Estonie a des liens très fort avec la Finlande (histoire et proximité), ce qui la pousse à plutôt ce tourner vers cette dernière, ce qui explique en partie le choix des CV90 et K9 (choix finlandais dans les automoteurs).

    La Lituanie se tourne plus vers les pays européens et en particulier l’Allemagne (il faut aussi noter qu’elle a plus de moyen que les deux autres).

    Enfin la Lettonie est plus proche des Etats-Unis et le Royaume-Uni, mais avec une économie moins dynamique, elle se tourne vers le marché d’occasion (rachat à l’Autriche).

    Vu que la Belgique a fait une croix sur les chars, elle pourrait s’inspirer de ces petits pays en termes d’artillerie.

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  5. La simulation va prendre de plus en plus de place dans la préparation opérationnelle:
    https://forcesoperations.com/masa-decroche-un-premier-succes-en-republique-tcheque/

    Ça évite au soldat d’avoir froid, il rentre à la maison tous les soirs et on pense le fidéliser avec ce petit côté jeu video:
    https://forcesoperations.com/masa-decroche-un-marche-de-4me-avec-larmee-finlandaise

    https://forcesoperations.com/le-simulateur-sittal-de-ruag-defence-france-retenu-par-le-danemark

    Vu la remarque du soldat interviewé lors de l’exercice Cold Response, on a déjà un petit aperçu des effets:
    « Benjamin dormira au camp, baraquement chauffé, dans la vallée de la Malselva »  » L’abri d’urgence est sympa à construire mais je ne voudrais jamais devoir l’utiliser en opération « , concède le jeune soldat. »
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_les-militaires-belges-s-entrainent-au-grand-froid-en-norvege?id=10444247

    Je n’aimerai pas y passer la nuit dit-il alors que tous les soirs de l’exercice, il dort dans un bâtiment en dur chauffé!

    Vivre tue, la guerre un peu plus que les autres activités humaines…

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  6. Le programme Warfighter consiste en une série d’entraînements de type « command post » déclinés à différents échelons de commandement.

    À l’image de grands rendez-vous comme Citadel Guibert en France, il s’agit d’éprouver un centre opérationnel multinational avec des pions de manœuvre virtuels, la plupart des unités impliquées étant simulées.

    La dernière édition en date a eu lieu ce mois-ci dans les installations du Fort Indiantown Gap (Pennsylvanie). Centrée sur le déploiement d’une coalition de l’OTAN pour faire face à une invasion dans les pays baltes, Warfighter 21-2 aura notamment incorporé une quinzaine de militaires lituaniens.

    Avec des échéances intermédiaires de l’exercice Warfighter 21, pour les anglais et les français qui rejoindront leurs homologues américains au Texas (USA) en Avril 2021 (10 jours/10 nuits), sous la direction de l’US Army’s IIIème Corps avec la 1st Armored Division (US) et la 3rd Division (UK), ou avec la 1st Division (UK) dans la Combined Joint Expeditionary Force.

    Un exercice non mené à un tel niveau depuis un paquet de décennies. Les plus anciens se rappelleront des manœuvres « Moineau Hardi », « Damoclès », ou « Fartel » dans les années 80/90. »

    Avec cette fois-ci, un déploiement massif en réel de matériels majeurs et de structures de commandement (sous la houlette de la 3ème Division), permettant de remettre la brigade au cœur du déploiement, la division comme intégrateur des effets interarmes-interarmées, et de faire effort sur les soutiens.

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    • En France, l’entraînement à la haute intensité sent bon les années 80-90!

      « La 4e DAM intègre ensuite la force d’action rapide (FAR), l’expérimentation menée de septembre 1984 (exercice Damoclès) à juin 1985 (exercice Fartel) ayant montré la pertinence d’un tel concept d’aéromobilité pour un emploi outre-mer.

      En effet, la loi n° 83-606 du 8 juillet 1983 porte approbation de la programmation militaire 1984-1988 et met sur pied cette grande force expéditionnaire capable d’agir en Centre-Europe ou dans le reste du monde dans des conflits dits intermédiaire, souhait du ministre de la Défense Charles Hernu afin de compenser l’infériorité numérique des forces de l’OTAN face aux forces soviétiques.

      Avec un état-major basé à Nancy, et forte de plus de 6.500 hommes, la 4ème DAM comptait 40% des hélicoptères de l’armée de Terre (environ 210 machines). 

      L’idée était de pouvoir se projeter à plus de 350 km de ses bases en moins de 12 heures pour porter le combat anti-char et obtenir un effet tactique d’importance (avec une capacité antichar instantanée théorique de plus de 400 missiles, face à une division en mouvement). Cela en faisait un outil décisif dans les plans de jalonnement (embuscades et harcèlements) des forces du Pacte de Varsovie (face aux éléments de tête, les Groupements de manœuvre opératifs (GMO) soviétiques) avant le Rhin, et donc dans la mise en place en sûreté de la 1ère Armée française.

      Les évolutions de format ne voient pourtant pas l’apparition de nouveaux modèles d’hélicoptères, ce sont simplement des versions modernisées des Gazelle (canons ou Hot) et Puma qui sont mises en service, une critique récurrente de l’époque, comme le rappelle un rapport sénatorial sur la manœuvre de déshabiller Paul pour habiller Pierre: « Chaque régiment d’hélicoptère de combat de la FAR représente un potentiel de 60 hélicoptères : 10 hélicoptère d’appui protection, 30 hélicoptères antichar et 20 hélicoptères de manœuvre.

      Un tel système de regroupement représente l’inconvénient majeur de diminuer les capacités aéromobiles des corps d’armée qui ne disposeront plus désormais que d’un régiment d’hélicoptères de combat au lieu de 2 soit 60 appareils dont 30 seulement à vocation antichar et 10 d’appui protection ».

      Tiré de cet article, qui a une très bonne suite sur des opérations plus récentes:
      http://mars-attaque.blogspot.com/2020/05/operations-motos-dhier-1er-ri-12.html

      Il y eut aussi en septembre 1987, la manœuvre franco-allemande Moineau Hardi (Kecker Spatz) en Bavière, compagnie en tête du régiment avec la présence du président François Mitterand et du chancelier Helmut Kohl.

      Toute la 4ème DAM se déplaça de 300 km depuis ses bases, et frappa ensuite, détruisant, selon l’arbitrage, une centaine de blindés.

      Il y eut une suite avec la manœuvre Damoclès en 1991, emportant la 4e DAM loin de ses bases dans le Poitou.

      À ne pas confondre 4e DAM qui a été dissoute et la 4ème BAC créée en 2016:
      https://www.forcesoperations.com/4e-bac-nous-restons-engages-et-prets/

      Cela se voit que les généraux ont près de 40 ans de service…

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    • En résumé:
      « La défaite aurait été plus cuisante encore que l’invasion éclair de 1939 par l’Allemagne, si le déploiement militaire n’avait pas été un simple exercice, destiné à tester la capacité de l’armée polonaise à résister à une agression extérieure de la Russie.

      L’opération, simulée le long de la frontière orientale de la Pologne, consistait à tenir les lignes de défense pendant une durée d’au moins 22 jours. Mais ces grandes manœuvres, intitulées « Zima 20 » (Hiver 2020), se sont visiblement soldées par un fiasco. Au terme de cette guerre virtuelle, les Russes avaient atteint les rives de la Vistule, et assiégé Varsovie en seulement quatre jours, révèlent plusieurs sites d’information, comme Interia, alors que ce genre d’entraînement est en principe ultra-confidentiel (…)

      Ce mauvais résultat, s’il est avéré, remet en question le commandement, la stratégie d’équipement militaire, et interroge indirectement le jeu des alliances, alors que l’armée polonaise et ses 140 000 soldats sont intégrés dans l’Otan. En principe, la stratégie adoptée est d’infliger un maximum de perte aux forces russes, et de retarder leur avancée, pour les rendre vulnérables à une contre-attaque ultérieure menée avec les alliés. Pourtant, les bataillons en première ligne auraient été très vite brisés, entraînant de 60 à 80 % de pertes humaines selon les unités.

      Le but de la manœuvre était aussi de tester l’efficacité d’un nouveau système d’armement, pour l’essentiel acheté aux États-Unis, et ce avant même d’avoir été livré : des systèmes anti-aérien Patriot, des missiles HIMARS, et des avions de chasse polyvalents F-35. Un équipement qui doit en principe devenir pleinement opérationnel dans dix ans. »

      La tactique est vieille comme le monde et était déjà employée durant le premier Grand jeu par les autorités britanniques de Calcutta, qui exagéraient régulièrement le « danger russe » afin d’obtenir de Londres plus de moyens.
      Depuis, cela a été imité…

      On se rappellera juste qu’un nouveau plan de défense de la Pologne et des pays Baltes a été adopté en juin dernier.

      Ne soyons pas surpris si l’on apprend dans quelques mois qu’il est encore amplifié, au prétexte que Varsovie pourrait être assiégée en quatre jours par les menaçants Popov qui, c’est bien connu, ne rêvent que de se baigner dans la Vistule…

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  7. Les pays baltes n’ont aucune profondeur stratégique, d’où le fait d’inclure les pays scandinaves dans ce type de théâtre, y compris pour l’Arctique.

    Les pays scandinaves ont voté des augmentations de budget pour leurs défenses:
    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20210226-la-su%C3%A8de-craint-la-russie-et-d%C3%A9cide-d-augmenter-son-effort-militaire

    Un véritable retour par rapport aux années nterieures à 2013:
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20210129-norv%C3%A8ge-dans-l-arctique-une-base-militaire-change-de-propri%C3%A9taire

    Ou cela faisait plutôt sourire:
    https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2021/02/27/quand-la-marine-suedoise-prenait-des-bancs-de-harengs-pour-des-sous-marins-russes_6071418_4832693.html

    La Norvège est le seul pays qui a une frontière terrestre avec la Russie et les frontaliers ont un autre ressenti que les dirigeants et les grandes alliances à l’oeuvre:
    https://www.rfi.fr/fr/hebdo/20180713-norvege-grand-nord-russie-tromso-otan-arctique

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