Où en est la mise en place du DAB qui doit remplacer l’opération Vigilant Guardian ?

Le commissaire divisionnaire Eric Delhez est le premier chef de la nouvelle Direction de la sécurisation (crédit-photo Police fédérale)

En septembre 2017, l’ancien ministre de l’Intérieur Jan Jambon avait indiqué que le nouveau corps de sécurité ne serait pas pleinement opérationnel avant 2019. Cette nouvelle Direction de la sécurisation (DAB) doit reprendre les missions des militaires dans les rues et mettre fin à l’opération Vigilant Guardian. Après des premiers déploiements à la fin de l’année 2018, qu’en est-il pour l’année 2019 ? Tour d’horizon.

La DAB a la moitié de ses effectifs

Sur son site, la Police fédérale se félicitait le 13 février dernier d’une progression à grand pas. “En un an, nous avons rempli la moitié de notre effectif”, expliquait le commissaire divisionnaire Eric Delhez, directeur de la DAB. Actuellement, la DAB compte environ 800 hommes sur les 1.600 qu’elle doit atteindre. Le recrutement externe est la principale source mais reste une déception. « A peine 10 % des candidats peuvent en effet penser intégrer la DAB, soit quelques 500 personnes à ce jour », souligne Vincent Gilles, président du syndicat SLFP-Police. Les effectifs ont grossi au mois de janvier dernier avec le transfert de 288 hommes du Corps de sécurité du SPF Justice. 35 membres du service de sécurité de l’aéroport de Bruxelles ont également fait part de leur désir d’intégrer la DAB. Le reste devait venir des militaires.

Un nombre extrêmement faible de candidats-militaires 

Les militaires devraient les plus gros pourvoyeurs de ce nouveau corps de sécurité au départ. « Durant l’année 2017 au cours de laquelle tous les débats préalables eurent lieu, la Défense et son ministre de tutelle de l’époque, ont fait une sévère marche arrière en admettant le transfert annuel de seulement 150 d’entre eux », précise Vincent Gilles. Sur les 150 postes ouverts, seuls 31 ont intégré la DAB en 2018. Ces militaires avaient en moyenne 47 ans, selon les chiffres fournis par le ministre de la Défense Didier Reynders en réponse à une question écrite du député Veli Yüksel (CD&V). Pour 2019, les critères de candidature ont été élargies aux militaires BLD avec minimum 5 ans d’ancienneté. Une session d’informations est programmée ce 26 mars à la Police Fédérale mais selon une source, seulement une dizaine de personnes seraient inscrites. Le personnel-cible n’aurait pas été assez informé. « Dans le meilleur des cas, la Défense transférera cette année 150 militaires », a simplement indiqué Didier Reynders à la même question du député Veli Yüksel.

Une attractivité surtout en Wallonie

Les agents du DAB font partie intégrante de la Police fédérale et portent l’uniforme de la police (crédit-photo Police fédérale)

Toutefois, le DAB reste assez attractif pour toutes ces cibles de recrutement. Le problème viendrait ailleurs. « Le problème est l’insuffisance en termes de cognitif, de condition physique, de condition de moralité aussi bien parmi les militaires que parmi les civils », souligne Vincent Gilles. Ainsi sur les cinquante militaires qui auraient dû commencer les formations sous peu, seuls les 31 ont réussi à passer le peu de sélection nécessaire. Le problème relatif de recrutement vient également des disparités régionales. « En Wallonie, nous avons rempli toutes nos classes de 25 candidats depuis le mois de juin. En Flandre, c’est plus compliqué, sans doute à cause de la concurrence de certaines grandes entreprises recrutant dans le même secteur », analysait le commissaire divisionnaire Eric Delhez. Le capitaine de vaisseau Carl Gillis, commandant de l’opération Vigilant Guardian, avait une analyse similaire dans l’interview qu’il nous avait accordé en janvier dernier. « La DAB fonctionne bien côté francophone et la garde des centrales nucléaires a été reprise par leurs hommes dans le sud du pays. C’est plus compliqué dans le nord du pays. Il y a des emplois à pourvoir au port d’Anvers qui sont bien mieux payés par exemple », nous expliquait-il. Avec ses premiers effectifs, la DAB commence de se déployer et de reprendre les missions des militaires.

40 sites sont désormais surveillés par la DAB

Des militaires de l’opération Spring Guardian (photo Daniel Orban/BE Defense)

Depuis le début de son déploiement en octobre 2018, la DAB a désormais la charge de surveiller une quarantaine de sites. Les centrales nucléaires étaient la première priorité. Celle de Tihange a été la première où les policiers ont remplacé les militaires. Depuis le 1er janvier, s’est rajoutée la centrale de Fleurus. Le capitaine de vaisseau Carl Gillis nous indiquait au début de l’année qu’aucun calendrier n’était prévu pour celles en Flandres, faute d’effectifs. Il n’en reste pas moins que les effectifs de l’opération Spring Guardian ont diminué de moitié, ne mobilisant plus qu’une trentaine de militaires. La DAB est également déployée à l’aéroport de Bruxelles. La priorité est désormais mise sur la police des cours et des tribunaux. Les autres tâches seront: le transfert des détenus et la sécurisation des institutions nationales, internationales et européennes. Selon la Police fédérale, la DAB devrait aussi constituer une réserve pour la sécurisation des centrales nucléaires.

Une mise en place assez chaotique

Les premiers agents du nouveau DAB chargés de reprendre la garde des centrales nucléaires (crédit-photo Police fédérale)

Vincent Gilles parle d’une mise en place assez chaotique pour l’instant. « Pour ce qui concerne les lieux de travail habituels situés dans des bâtiments policiers, c’est plus ou moins correct. Mais hors les grandes centrales, dont les installations sont tip-top, les installations des partenaires externes laissent totalement à désirer notamment les palais de justice avec l’un d’entre eux qui a été fermé pendant trois semaines pour cause d’insalubrité », nous explique-t-il. On sait qu’il avait fallu un peu de temps à la Défense avant de proposer des bonnes conditions de vie et de travail aux militaires de l’opération Vigilant Guardian. Le son de cloche est d’ailleurs légèrement différent chez son collègue du SLFP-Défense, Dimitry Modaert. « D’autres facteurs semblent influencer la montée en puissance de ce DAB comme le respect de la législation sur le bien-être au travail : à titre d’exemple, les installations de Fleurus, utilisées par les militaires depuis le début du déploiement de l’opération Spring Guardian sans concertation compte tenu de la mise en œuvre des forces armées, ne satisfont pas le personnel policier »,souligne-t-il mettant en avant la spécificité du métier du militaire. Les syndicats policiers ont déjà menacé de faire grève en octobre dernier à cause du manque d’effectifs.

Le commissaire divisionnaire Eric Delhez, directeur de la DAB, estime que les effectifs devraient afficher complets à la fin de l’année 2020 car pour l’instant, ils sont insuffisants si ce nouveau corps devait reprendre toutes les missions des militaires. La date correspondrait au retrait prévu par l’armée des militaires dans les rues. Les effectifs ont d’ailleurs légèrement diminué ces derniers mois, passant de 450 à 419 mais c’est encore trop pour l’armée qui veut descendre en-dessous des 300 hommes mobilisés pour retrouver un bon niveau d’entraînement et exécuter plus d’opérations à l’étranger.

2 commentaires

  1. Les militaires ont postulé en nombres mais ils ne laissent partir que la catégorie d’âge ils les intéressés.
    Pour la police qui recrute,certains candidats militaires ont comme réponse qu’ils ne convient pas pour la fonction.
    A être étonné de la réponse. Ces personnes ont déjà plusieurs missions humanitaires à l’étranger et également servie le contingents spring Guardian depuis plusieurs années.
    Où est la logique?

    J’aime

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