La Composante Terre prépare son déploiement au sein de Takuba malgré le grand doute sur l’avenir de l’opération

A Bergen-Hohne en octobre 2021, le 12/13 de Ligne a préparé son déploiement au sein de Takuba (crédit-photo Composante Terre)

La Composante Terre prépare son déploiement au sein de Takuba malgré le grand doute sur l’avenir de l’opération.

Le plan des opérations 2022 de la Défense belge planifiait le déploiement d’un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA), qui évoluerait de 165 vers 255 militaires, au sein de la Task Force Takuba au Mali. Ce SGTIA aura pour mission de protéger la base de déploiement de Takuba et des convois logistiques et d’être en appui en deuxième ligne des forces spéciales et de leurs partenaires maliens.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire puisqu’il s’agit d’une opération de forces spéciales, cette mission reviendra aux unités de la Brigade Motorisée et plus particulièrement au 12/13 de Ligne, un bataillon qui appartenait par le passé à l’ancienne Brigade Légère. S’il n’y a pas toujours d’accord politique, la planification plus détaillée de l’opération est bien en cours par le département Opérations et Entraînement (ACOS Ops & Trg) comme l’a évoqué le lieutenant-colonel Michel Recour, le chef de corps du 12/13 de Ligne, lors de sa vidéo de voeux. Une équipe de reconnaissance de la Défense est déjà sur place et le bataillon enverra la sienne à la fin du mois.

La première rotation sera assurée par la 2ème compagnie du 12/13ème de Ligne à partir de juillet jusqu’en décembre. Le bataillon viendra renforcer deux autres rotations, celle du 1/3 Lanciers et celle des Chasseurs Ardennais. La préparation opérationnelle a déjà commencé l’année dernière pour le 12/13 de Ligne lors de la période de camp de Bergen-Hohne de la Brigade Motorisée d’octobre 2021 au niveau interarmes. « Son personnel a fait preuve d’un niveau d’expertise remarquable tant sur le terrain que sur les pas de tir », soulignait le colonel Lieven Geeraert, commandant de la Brigade Motorisée.

Sur le plan militaire, c’est donc dans les rails mais quid au niveau politique et surtout sur quel terrain ? Les tensions diplomatiques entre la France et le Mali se sont aggravées après le renvoi au début du mois de l’ambassadeur français. L’avenir de la Task Force Takuba est plus que jamais en pointillé et ce d’autant plus après le renvoi du contingent danois seulement quelques jours après son arrivée. Les pays européens ne sont plus sûrs d’obtenir l’autorisation des autorités maliennes. La France doit décider d’ici quelques jours de l’avenir de la force Barkhane et donc de Takuba mais un retrait ne fait guère plus de doute. L’opération pourrait se déplacer par petits groupes vers d’autres pays africains selon Europe 1. Seule certitude, le Niger, où est déjà présente la Composante Terre belge, a déjà fait savoir qu’il n’en voulait pas sur son sol à ce stade.

L’opération Takuba reviendra aux unités de la Brigade Motorisée. Pour l’instant la Belgique ne déploie que quelques officiers de liaison du Special Forces Group (crédit-photo Composante Terre)

La ministre Ludivine Dedonder reste vague sur le sujet. La participation belge à Takuba fera l’objet d’un dossier distinct au Conseil des ministres. « La Défense analyse tous les éléments à prendre en compte en vue d’une éventuelle participation à l’opération Takuba et procède aux explorations requises. La planification médicale se poursuit et des synergies seront recherchées activement avec des partenaires internationaux afin de garantir la couverture médicale nécessaire pour notre personnel », a-t-elle répondu aux députés de la commission fin janvier. En novembre dernier, certains députés se montraient déjà très critiques sur l’envoi de troupes belges au sein de Takuba, parlant d’un bourbier. Les récents événements ne font qu’aller dans leur sens et ne va sans doute pas faciliter la prise de décision sur ce dossier. D’autres voudraient plus se tourner vers l’est de l’Europe avec les regains de tensions entre la Russie et l’Ukraine. La Belgique doit d’ailleurs déployer en Lituanie une compagnie de manoeuvre d’environ 140 hommes durant six mois pendant le second semestre, un déploiement déjà prévu dans le plan des opérations 2022.

Le Sahel occupe une partie de l’agenda de la semaine de la ministre française de la Défense Florence Parly. Elle était hier en audition à huis-clos sur le sujet devant la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. Vendredi matin, elle aura une visioconférence avec les pays participants à Takuba. Le gouvernement français prendra une décision d’ici la fin du mois sur le format du redéploiement des troupes françaises du Mali.

 

5 commentaires

  1. Intéressant… pour les effectifs de Takuba, belges et autres nationalités, un déploiement au Niger ou dans les pays du Golfe de Guinée qui en feraient la demande semble se préciser. Le concept de base de Takuba, entraînement conjoints ET accompagnement au combat des troupes entraînées, est loin d’être idiot et semble déjà faire effet (si on en croit les annonces d’hier). D’ailleurs les mercenaires russes de Wagner fonctionnent peu ou prou selon le même modèle.

    Le problème est que Takuba s’est déployé avec des effectifs beaucoup trop limités, et surtout trop tard, beaucoup trop tard, pour avoir vraiment un impact sur la situation stratégique. Pourquoi cette idée là on ne l’a pas eu dès 2014 ? En pratique lorsque le nom de Takuba a été prononcé pour la première fois, en novembre 2019, la situation politico-militaire au Mali était déjà irrémédiablement ensablée. Il était trop tard.

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  2. Alors que tout est foutu pour le Mali et le Burkina Faso, incroyable la force de l’inertie bureautique…
    https://www.leparisien.fr/international/au-mali-avec-les-forces-speciales-de-takuba-la-valeur-ultime-cest-la-liberte-04-02-2022-UL6XOQWAPBB4DGIFTW5P22ET3I.php

    Les militaires belges ne sont pas les seuls concernés.
    La contribution portugaise au profit de Takuba augemente aussi homéopathiquement comme il était annoncé: 14 militaires en 2021, 55 en 2022 (maximum autorisé)

    En 2022 : 13 militaires au sein du QG, 12 opérateurs des forces spéciales, 30 militairess pour Force Protection/Joint Information Module + 8 véhicules tactiques pendant maximum 6 mois au 2e semestre.
    https://mobile.twitter.com/ForcesOperation/status/1490740577045987331

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