L’industrie aéronautique belge appelle à un choix politique rapide sur l’avion de chasse de 6ème génération

Un choix sur un avion de chasse de 6ème génération est crucial pour l’aéronautique belge selon Stéphane Burton, CEO d’Orizio

L’industrie aéronautique belge appelle à un choix politique rapide sur l’avion de chasse de 6ème génération.

Des représentants industriels belges de différents secteurs ont été auditionnés le 15 février dernier à la Chambre dans le cadre de la Stratégie belge de Défense, d’Industrie et de Recherche (DIRS) lancée en octobre 2022. Elle est issue d’une volonté du plan STAR pour promouvoir les collaborations avec des partenaires externes et impliquer davantage les centres de R&D belges, l’industrie et le monde universitaire dans la recherche et le développement de nouvelles capacités de Défense.

Stéphane Burton, CEO d’Orizio qui rassemble Sabca & Sabena Engineering et qui a succédé à Blueberry en juin 2022, s’est exprimé aussi au nom de Safran et Sonaca. Il a plaidé pour un choix politique rapide sur l’avion de chasse de 6ème génération pour que le secteur garde son excellence. Il a rappelé que ces quatre entreprises représentaient un chiffre d’affaires cumulé de 2 milliard d’euros avec plus de 10.000 emplois directs et indirects. Plus de 80% de ce chiffre d’affaires est réalisé à l’export.

Stéphane Burton est revenu sur les choix politiques précédents qui ont eu des conséquences pour le secteur aéronautique belge. La participation au programme F-16 dans les années 1960-70 a été un véritable boost pour le secteur. La Sonaca, qui a contribué à l’assemblage des F-16, a bénéficié de transferts technologiques importants notamment en maîtrise des matériaux composites. Elle est devenue le premier fournisseur sur certains types de pièces mobiles d’avion pour Boeing et Airbus. Safran, qui a assuré des tests et la réparation de moteurs F-16, a développé des centres d’essai et est devenu une référence mondiale en matière de testing grâce à la technologie développée par les ingénieurs chargés de développer ses premiers centres d’essais et qui maintenant sont appliqués sur plus de la moitié des moteurs mondiaux d’avions.

« La Belgique est un petit pays au niveau aéronautique. Nous n’avons pas de marché intérieur important et nous ne passons pas de grandes commandes d’avions. Nous n’avons pas de programme souverain et nous n’avons pas décidé de fabriquer notre propre avion, notre propre fusée. A l’instar des grands pays qui disposent d’un grand marché intérieur ou d’une volonté souveraine, notre industrie aéronautique ne peut pas compter sur une participation automatique aux phases de développement technologique », a-t-il expliqué. La Belgique reste un pays ingénieux toutefois dans le domaine aéronautique avec un modèle qui lui permet de bénéficier également de retours économiques et sociaux sur les investissements. Le F-16 en a donc été un exemple marquant avec une collaboration entre l’état et sa politique d’investissement, les centres de recherche et leur stratégie technologique et les industriels et leurs centres de fabrication et de support opérationnel. « C’est la quasi seule opportunité pour que l’écosystème aéronautique belge puisse développer de nouvelles connaissances », a tenu à souligner Richard Burton d’où la nécessité de participer à la phase technologique dès le début.

Quand le choix du F-35 a été fait par le gouvernement, la phase technologique avait pris fin depuis longtemps et les rôles pour la fabrication avaient été distribués aux partenaires de la première heure. « Grâce à la négociation menée par le gouvernement et à la coopération entre Défense et industrie, la Belgique pourra cependant être associée à la fabrication de certains sous-ensembles et de certains éléments du cycle de support opérationnel de la flotte belge mais notre demande c’est simplement de rétablir l’équité dans la compétition avec nos concurrents étrangers pour nous permettre de continuer à jouer notre rôle d’acteur économique », a demandé Stéphane Burton aux députés. Directement concerné, le député André Flahaut a déclaré qu’il n’y avait pas l’enveloppe budgétaire nécessaire à l’époque d’où la non participation de la Belgique au programme Joint Strike Fighter (JSF). Le député Jasper Pillen a tenu à dire qu’il ne fallait pas s’incriminer mais que l’important était désormais l’avenir. Richard Burton a répondu que ce n’était pas un reproche, qu’il ne voulait vexer personne mais que c’était un constat factuel d’une fenêtre technologique qui a été ratée dans les années 1990-2000.

Ainsi Richard Burton a fait part de son espoir que la Belgique fasse le choix d’investir dans un avion de chasse de 6ème génération pour pouvoir appliquer la recette du F-16 qui a été un succès. « A l’heure où je vous parle nos concurrents européens, ayant opté pour ces projets, s’attachent déjà à répartir les places entre eux et donc l’appel que je lance est une note d’espoir positive », a-t-il déclaré aux députés tout en disant que ce n’était pas aux industriels de dire dans quel avion investir. « C’est un peu à vous de nous dire c’est quoi la vision mais il faut décider vite. Est-ce que c’est le SCAF ? Est-ce que c’est le Tempest ? Est-ce que ce sont les Américains ? On va suivre ce que vous allez nous dire. Par contre, il ne faut pas qu’on ait quelque chose au milieu des deux. Il faut trancher et il faut trancher vite. Il faut trancher pour être transparent au prochain Salon du Bourget », a-t-il insisté. Selon des articles de presse sortis ces derniers mois, la ministre Ludivine Dedonder aurait une préférence pour le SCAF mais pour l’instant le choix n’a jamais été formulé officiellement. Un comité consultatif a été mis en place par le gouvernement pour le successeur du F-35.

Dans un autre domaine, Steven Luys, CEO d’ECA Robotics Belgium qui participe à la construction des nouveaux chasseurs de mines, a demandé aux politiques de se battre pour que son secteur puisse obtenir des retours sur investissements sur le surcoût programmé de 600 millions d’euros pour le programme des frégates ASWF.

28 commentaires

  1. Evidemment, le choix du F35 est une catastrophe pour l’industrie aéronautique belge. A la pointe dans bien des domaines, avec de solides liens actionnariaux avec des groupes internationaux de premier ordre, thales, snecma, dassault, l’industrie belge perd l’occasion de continuer à se maintenir, se développer (et dans certains cas, de survivre) tandis que la Belgique fait le choix de continuer à creuser sa dette publique sans aucune compensation économique en faisant un chèque en blanc à washington. Pour un avion dont le prix a déjà augmenté de plus de 50% entre le prix nominal à la commande et aujourd’hui.

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  2. Les élections fédérales en Belgique sont prévues pour mai 2024 ; soit dans 13 mois. Comment voulez-vous organiser dans un délai aussi court , les réunions et discussions qui devront se faire au niveau fédéral (et donc avec les Flamands) pour prendre position sur un tel sujet.

    Or, on sait que ces élections vont acter la fin de la Belgique telle qu’on la connaît ! La Flandre a déjà annoncé qu’elle ne respectera plus ses engagements fédéraux après ces élections et que ce sera la partition du pays selon un modèle confédéraliste.

    Faut-il aussi se rappeler qu’Airbus avait fait signer à la SABENA une commande de 30 Airbus juste avant sa faillite et qu’on paye encore aujourd’hui les indemnités de rupture de ce contrat non réalisé. Il ne faudrait pas refaire les mêmes erreurs.

    Dites moi donc dans un tel contexte, QUI va signer un tel engagement sur des avions qui ne voleront pas avant 2050 ? Actuellement, au fédéral c’est la guerre, ils n’arrivent déjà pas à se mettre d’accord sur la survie du nucléaire ni sur les pensions, et vous pensez qu’ils vont ajouter un dossier explosif suplémentaire ? Cela n’arrivera pas !

    Et donc, non pour moi, au-dela de l’effet d’annonce des industriels wallons qui vont encore une fois se faire berner (Cf : CMI avec le CAMO), il n’y aura aucune décision qui sera prise avant la fin de la législature. On entre dans la phase pré-électorale et tout va figer bientôt !

    Et après 2024, la Belgique sera confédérale et ne décidera plus de rien ensemble. La flandre ira de son côté, quant à la Wallonie et Bruxelles, micros régions d’une Belgique confédérale, ils n’auront plus les moyens de leurs ambitions !
    Et donc, attention aux indemnités de dédit en cas de retrait du projet après avoir signé trop rapidement, je le répète encore !!!!

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  3. « Faut-il aussi se rappeler qu’Airbus avait fait signer à la SABENA une commande de 30 Airbus juste avant sa faillite et qu’on paye encore aujourd’hui les indemnités de rupture de ce contrat non réalisé. »

    Imbécile. C’est swissair, maison mère de la sabena, qui avait passé la commande par le biais de la sabena afin de profiter du bénéfice de l’importance de la commande, et l’avait annulée quand les exemplaires destinés à la compagnie suisse avaient été livrés. Airbus ne « fait pas signer » de commande, Airbus est le vendeur. Les belges se sont une fois encore fait rouler dans la farine, et c’est tout. Comme avec le F35.

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    • C’est la position de la curatelle, une collusion entre Airbus et Swissair. En fait, cette théorie, qui ne repose sur rien et n’a pas prospéré, était la seule chance de la curatelle de récupérer de l’argent, puisqu’entretemps, en 2015, Swissair avait fait faillite. Tu comprends, imbécile?

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    • Voici le contenu de l’article face aux élucubration d’un illettré amateur de vinasse bon marché !

      Oui, Airbus a bien tenté de gruger la Sabena et en a précipité la faillite !
      Et ce n’est pas moi qui le dit !

      La curatelle de la Sabena a saisi le tribunal de commerce de Bruxelles pour réclamer plus de 95 millions d’euros de dommages et intérêts à Airbus. Les curateurs estiment que l’avionneur européen, auquel une commande ferme de 34 avions avait été passée en 1997 pour un montant de plus d’un milliard de dollars, est coresponsable de la faillite de la Sabena, révèle mardi L’Echo.

      « La Sabena, poussée dans le dos par Swissair, son dirigeant de fait, s’est entendue avec Airbus pour passer une commande de 34 Airbus sans fonds propres et sans soutien financier ni de la part de Swissair, ni de la part d’Airbus », a plaidé lundi Sylvie Van Ommeslaghe, au nom de la curatelle. Selon elle, la décision de procéder à un renouvellement complet de flotte au terme d’une commande ferme en retenant des avions plus chers que les Boeing et avec un délai de livraison étalé sur quatre ans est un acte anormal. « Swissair s’est d’abord mise d’accord avec Airbus sur un scénario caché à la Sabena », a-t-elle affirmé. Les dirigeants de la Sabena avaient pour leur part défendu la piste des Boeing mais se sont retrouvés devant le fait accompli, d’après la curatelle. Celle-ci a réclamé lundi, devant le tribunal de commerce, l’annulation de la commande de la moitié des 34 avions, un préjudice qu’elle évalue à 78 millions de dollars. Ce montant et d’autres remboursements de leasing débouchent sur un préjudice total estimé à 95,8 millions d’euros. Les avocats d’Airbus plaideront la semaine prochaine.

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      • Oui, c’est ce que je dis, c’est la position de la curatelle, chéri. Leur théorie n’a pas prospéré.

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  4. « au-dela de l’effet d’annonce des industriels wallons qui vont encore une fois se faire berner (Cf : CMI avec le CAMO » …

    Faudrait savoir …

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  5. C’est tout vu, panse à bierre !
    Voilà ce qui était prévu …CMI a été b…. en beautée pas Nexter !
    Ça leur apprendra à faire des affaires avec des bandits !

    Extrait :
    « Les dernières nouvelles ne vont pas du tout dans le bon sens », regrette Jean-Luc Maurange le CEO de John Cockerill. « Les discussions ont traîné, on nous a demandé de repasser par certains appels d’offres, on oublie les promesses qui ont été faites. Or, il y a des engagements politiques et contractuels en termes de localisation et de retours qui avaient été pris », ajoute le patron.
    Selon nos informations, l’assemblage final des deux véhicules serait attribué à une société du nord du pays, un choix un peu surprenant dans la mesure où il n’y a pas en Flandre de compétences de défense analogues à celles de John Cockerill. Du côté de la Défense, on confirme juste la non-sélection du groupe wallon, tout en relativisant la taille du marché de l’assemblage des véhicules, estimé à environ 18 millions d’euros. Contacté, le constructeur français Nexter n’a pas pu nous fournir de réponse dans l’immédiat.

    https://www.lecho.be/entreprises/defense-aeronautique/john-cockerill-n-assemblera-pas-les-futurs-blindes-de-la-defense/10359650.html

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    • CaMo est une procédure G2G.

      S’il y a des appels d’offres ou d’autres trucs du genre, ça n’est qu’à notre niveau belge que ça se passe. Entre politiciens et industriels. Les Flamands ont juste été un peu plus malins que les Wallons.

      En n’oubliant pas que l’entretien des véhicules représente bien plus en termes de CA et d’heures de travail que l’assemblage initial.

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    • C’est une procédure belge. Si quelque chose s’est passé, c’est que les flamands ont eu les wallons, comme d’habitude, comme avec le F35 choisi au détriment de l’industrie de défense belge, majoritairement francophone.

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  6. Tu veux un peu de vaseline pour faire passer la pilule ?

    Que ce soit Cockerill ou Mol, Nexter se fout de qui assemblera les véhicules. Ce qui s’est passé, c’est que les politiques flamands ont fait du lobbying pout avoir des retombées …

    Capito, tête de veau ?

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    • A Pierre Dossogne, Alex Delalibre et Stigolon, pour l’instant je vous ai laissé débattre même si je trouve que c’est totalement stérile et que cela n’amène rien mais si vous continuez de vous insulter de cette façon, je supprimerai vos commentaires. On peut débattre de façon respectueuse et nos lecteurs méritent mieux que ces chamailleries de comptoirs.

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      • Ma chère Madame, j’essayerai de me tenir. Tiens, je ne le traite plus de con, mais d’imbécile, ce qui est cliniquement justifiable. Merci de votre compréhension.
        NB/ Stigolon a très bien compris qu’il était sur écoute de la DGSE et que nous agissions sur ordre afin d’apporter la contradiction de la France aux vils sujets Otaniens. Il est très très fort et très perspicace.

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  7. Je présente mes excuses aux lecteurs, mais c’est assez dur de se faire constament reprendre sur des faits avérés par une série de mensonges éhontés. Certains ne sont sur ce site que pour dénigrer l’armée, tout en véhiculant une promotion constante des intérêts d’un grand pays voisin.
    Cela partie du débat ; ok.
    Mais à force de se faire insulter constamment, on finit par répondre.

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  8. Pour revenir au sujet de l’article , le SCAF ; les nouvelles ne sont pas très bonnes non plus !

    Extrait ;

    En matière d’armement, les coopérations lancées par la France et l’Allemagne depuis 2017 ne connaissent pas les mêmes fortunes… Le Maritime Airborne Warfare System [MAWS] a pris un sérieux coup dans l’aile avec la décision allemande de se procurer des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon américains… tandis que le standard Mk3 de l’hélicoptère de combat Tigre ne concernera que la France et l’Espagne [si jamais il doit aller jusqu’au bout…].

    Et si le Système de combat aérien du futur [SCAF] a connu une évolution favorable, avec le lancement de la phase 1B après des mois de désaccords entre les industriels impliqués, le Système de principal de combat terrestre [MGCS] n’est toujours pas sorti de l’ornière, les allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegman [associé au français Nexter au sein de KNDS] étant à couteux tirés. Évidemment, et au-delà des considérations politiques [en particulier pour ce qui concerne l’Allemagne], ces tensions, alimentées par les questions de propriété intellectuelle et de partage industriel, ne font que faire prendre que du retard à ces programmes d’armement…

    https://www.opex360.com/2023/03/04/un-rapport-parlementaire-prone-des-mesures-pour-anticiper-lechec-eventuel-des-programmes-darmement-europeens/

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  9. […] L’appel des industriels belges a été entendu puisque la ministre Ludivine Dedonder a annoncé le lancement d’un groupe d’étude avec des industriels pour se pencher sur l’avion de chasse du futur. L’intention est que les parties prenantes de l’industrie belge discutent de la manière dont elles peuvent contribuer au développement de l’avion de chasse du futur, en vue de futurs programmes d’investissement potentiels, de commandes et de retours économiques pour l’industrie belge. Les principaux acteurs industriels belges seront réunis dans les prochaines semaines au sein du groupe de travail « Next Generation Combat Aircraft Technologies » (NGCAT), accompagné par l’Institut Royal Supérieur de Défense. Cinq sous-groupes ont été établis: Aero structures and associated functions; Avionics, connectivity and embedded sensor systems; Propulsion and accessories; System of systems interconsistency et Disruptive Enabling Technologies. Cette initiative s’inscrit dans la démarche de la Stratégie belge de Défense, d’Industrie et de Recherche (DIRS). […]

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