
Mis en place en octobre 2014, le gouvernement Michel a fait le bilan de son action à mi-mandat. Il s’est réuni le samedi 23 juillet 2016 à Val Duchesse en séminaire. Un document avec le bilan et les perspectives, ministère par ministère, a été mis en ligne sur le site du Premier Ministre. Ce bilan complète le document produit par le cabinet de Steven Vandeput et le CPV BEM Renaud Flamant, début juillet, sur la vision stratégique pour la Défense (2016-2030). C’est l’occasion de faire un premier bilan sur l’action de Steven Vandeput depuis son arrivée au Ministère de la Défense.
Les engagements internationaux
Le chantier de la Défense n’a été engagé qu’à partir du 8 mai 2015, début de l’élaboration du nouveau plan de vision stratégique. Le respect des engagements internationaux est l’un des principaux points mis en avant alors que la Belgique est régulièrement pointée du doigt comme mauvais élève de l’OTAN avec des dépenses militaires beaucoup trop basses. C’est pourquoi le gouvernement Michel a décidé de stopper les économies et de lancer des investissements à hauteur de 9,2 milliards d’€. En 2030, l’effort de dépense devrait atteindre les 1,3% du PIB contre moins de 1% aujourd’hui. On sera toujours loin des 2% demandés par l’OTAN mais on se rapproche de la moyenne européenne (1,5%). De plus, le

gouvernement détaille le nombre de militaires belges à l’étranger dans des opérations internationales : 105 en Jordanie (opération Desert Falcon) et 24 en Irak (opération Valiant Phoenix) pour lutter contre Daesh, 65 en Afghanistan (Resolute Support Mission), 120 au Mali (EUTM Mali). La Belgique a été l’un des premiers pays européens à s’impliquer au Mali aux côtés de la France. En tout, 367 militaires sont projetés hors des frontières belges en plus des 1.828 militaires de l’opération Vigilant Guardian. Non précisé dans les documents gouvernementaux l’opération Spring Guardian, qui a pour but la protection des centrales nucléaires et qui mobiliserait 140 militaires (dernier chiffre officiellement communiqué après les attentats du 22 mars 2016). Le niveau de mobilisation est élevé. La Belgique a toutefois fait face à ses obligations, n’hésitant pas à coopérer avec les Pays-Bas (F-16 en Jordanie) ou la France (appui au Charles de Gaulle).
Les différents axes d’investissements
Le gouvernement a enclenché un vaste plan de renouvellement du matériel militaire avec un dossier extrêmement important : le remplacement des F-16 vieillissant pour un coût estimé à 3,4 milliards d’€. En attendant, il a été décidé de moderniser les F-16 pour qu’ils continuent d’être opérationnels, notamment en Irak. La Marine va aussi être dotée de 2 nouvelles frégates multipurpose et de 6 navires de lutte contre les mines. En 2014, deux nouveaux navires de patrouille ont déjà été mis en service : le P901 Castor et le P902 Pollux. Des investissements à hauteur de 1,2 milliards d’€ pour la plate-forme motorisée sont prévus : véhicules de combat etc… Un accent sera mis aussi sur les drones de reconnaissance MALE pour une somme de 500 millions d’€ dont 310 serviront au programme européen. En plus

de ce qui est prévu et en cours, 200 millions d’€ de liquidations ont été débloqués par le gouvernement pour cette législature. Investissements suffisants ou pas, l’armée a été obligée de faire appel aux Américains qui lui ont prêté des gilets pare-balles. Ainsi sur certaines photos de la Défense, on voit des militaires de l’OVG équipés de gilets pare-balles américains…
Les nouvelles missions de l’armée et ses limites
Le gouvernement n’a pas manqué de souligner l’apport de l’armée à ses partenaires au niveau fédéral et notamment la police. Ce partenariat est illustré bien sûr par l’opération Vigilant Guardian même si le paiement du coût de cette opération a été l’objet de dissensions entre la Défense et l’Intérieur. L’armée a été également mobilisée lors de la crise d’asile ou bien des grèves de prison. Si le gouvernement voit cela comme un plus, de nombreuses voix militaires et syndicales ont fait part de leur crainte de voir l’armée belge perdre de ses capacités opérationnelles. Dans une interview au journal L’Écho en décembre 2015, le chef de la Composante Terre le général major Jean-Paul Deconinck mettait déjà en garde : « On est arrivé à un moment où il faut faire des choix… Cela ne peut pas durer trop longtemps. Sinon je mets en péril le niveau d’opérationnalité de mes unités. » À l’époque, le nombre des militaires dans la rue était de 500…aujourd’hui il est de 1.800 et a plus que triplé. L’armée devrait recruter 1.160 militaires en 2017 avec une augmentation constante chaque année jusqu’en 2021 (2.100 recrues). Toutefois les effectifs vont passer de 30.000 à 25.000 ETP en 2023. Le recrutement devrait porter sur des volontaires dans des unités de combat et des sous-officiers techniciens spécialisés.
Dans la synthèse du séminaire, une loi de programmation semble prévue dans les années à venir pour concrétiser la vision stratégique dans un texte législatif. Le ministère entend également rajeunir l’armée avec un âge moyen de 34 ans et un plan de carrière plus attractif. Si on pourrait faire un bilan contrasté à mi-mandat de l’action de Steven Vandeput, il faut reconnaître que le chantier de la Défense belge a été pris en main avec une meilleure considération de la part du gouvernement. Le climat sécuritaire actuel n’y est sans doute pas étranger non plus. On attend de voir la suite.