
Ancien commandant de la MINUSMA entre avril 2017 et octobre 2018 et aujourd’hui à la retraite, le général-major Jean-Paul Deconinck dresse un bilan de 14 pages de son mandat dans le prochain numéro de la Revue Militaire Belge qui paraîtra intégralement à la fin de l’année.
Si le général Deconinck évoque les difficultés de l’opération dans sa globalité et les principales actions qu’il a menées durant son mandat, il s’inquiète sur l’avenir de la mission sur le long terme. Pour lui, l’ONU doit se donner les moyens d’exécuter les missions qu’elle lance. « Soit « on y va », avec les capacités adaptées à la mission et à la menace, vers des objectifs tangibles, notamment au regard de la protection des populations, mais en courant le risque de contrevenir aux principes onusiens. Soit on s’abstient », écrit le général. L’ancien commandant de la force MINUSMA s’inquiète surtout du risque désengagement des pays européens. « Si l’on a pu observer vers 2014-2015 un retour des Européens dans les opérations onusiennes, souvent pour des raisons politiques liées à un siège au Conseil de sécurité, cet engagement risque de s’éroder », analyse le général qui cite en exemple le départ de deux des trois unités ISR en 2019 sans être remplacées.
On pourrait ainsi évoquer aussi l’exemple des Pays-Bas que nous avons longuement développé dans un autre article. La MINUSMA a dû mal à se doter d’une capacité d’hélicoptères. Les Canadiens ont pris la suite du détachement belgo-allemand mais leurs remplaçants n’ont pas encore été formellement trouvés même si les Roumains se sont engagés à les relever. Le Danemark envisage d’envoyer deux hélicoptères de transport au Mali mais au sein de l’opération française Barkhane et non de la MINUSMA. L’Allemagne est toujours présente avec 1.000 militaires jusqu’en 2020 et reste un gros contributeur européen. La Belgique a encore des militaires jusqu’à la fin de l’année mais quid pour 2020 ? Tout dépendra de la future coalition gouvernementale. « L’effort européen reste toutefois important au niveau de l’entraînement et du développement capacitaire (EUTM, EUCAP, missions bilatérales) et au niveau du soutien financier des initiatives liées au développement. Mais un désaveu européen par rapport aux opérations onusiennes pourrait mettre en péril l’équilibre déjà précaire entre mission et moyens« , conclut le général Deconinck.
Dans ce même numéro, le lieutenant Eric Kalajzic, conseiller militaire spécial du général Deconinck durant son mandat, signe un très bon article: « MINUSMA : laboratoire des futures opérations de la Paix des Nations unies ». Il appelle à un changement radical de paradigme des missions de l’ONU pour ramener un minimum de stabilité et empêcher la situation d’empirer.