Le déploiement de militaires belges au sein de Takuba dépendra de plusieurs facteurs

Le déploiement de militaires belges au sein de la Task Force Takuba dépend de plusieurs facteurs (crédit-photo IPR bataillon ISTAR)

Le déploiement de militaires belges au sein de Takuba dépendra de plusieurs facteurs.

L’annonce dans la presse belge de l’envoi formel de 250 militaires au sein de la Task Force Takuba a provoqué des réactions diverses. Ce n’est pas anodin qu’elle ait eu lieu la semaine où une délégation française, emmenée par le premier ministre Jean Castex, était en visite à Bruxelles sur le thème de la coopération bilatérale en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. La ministre Ludivine Dedonder a eu une discussion avec son homologue Florence Parly sur la situation au Sahel et le contrat CaMo.

Si ce déploiement est bien engagé, rien est encore acté dans les faits. La ministre Ludivine Dedonder a tenu à souligner qu’il dépendrait de la situation sur le terrain. « S’il s’avère que cela devient incontrôlable sur le plan politique ou que la situation en matière de sécurité change complètement, l’opération pourrait être compromise », a-t-elle indiqué au journal De Tijd. Le porte-parole néerlandophone de la ministre, Cédric Maes, a réagi aussi sur son compte Twitter.  » Il a également été dit à De Tijd qu’on en avait « parlé » ce matin, ce qui n’est que logique dans une telle réunion. Il n’a pas été dit « oui c’est sûr à 100% que nous irons quoi qu’il arrive », a-t-il tempéré. Le déploiement est également toujours en cours d’analyse au sein de l’état-major de la Défense.

La prudence est de mise car le dossier est épineux. Certains députés n’hésitent pas à comparer le Mali à l’Afghanistan et ne veulent pas s’engager dans un nouveau bourbier au risque d’une débandade. D’autres de la majorité réclament un débat parlementaire avant de s’engager formellement dans cette opération. Les relations entre la ministre Ludivine Dedonder et la commission de la Défense Nationale sont loin d’avoir toujours été au beau fixe avec des passes d’armes. Dans plusieurs dossiers, les députés ont accusé la ministre d’avoir informé la presse avant le Parlement. On peut penser à l’affaire Jürgen Conings et la remise du rapport de l’inspection générale de la Défense.

 

 

La question du contrôle parlementaire sur la décision de participer ou pas à une opération est récurrente. En 2020, l’ancien gouvernement et le ministre de la Défense Philippe Goffin avaient tenu à avoir l’aval du Parlement pour l’envoi des F-16 en Irak et en Syrie. Deux votes avaient eu lieu, l’un en commission et l’autre en séance plénière. A son arrivée en octobre 2020, la ministre Ludivine Dedonder s’était engagée dans sa note de politique générale à améliorer le cadre d’information et d’évaluation des missions extérieures pour une plus grande transparence et une meilleure participation parlementaire. « Ce processus d’évaluation de la Belgique doit aussi s’inscrire dans une évaluation plus large qui concerne les missions en général auxquelles participe la Défense. Les éléments clés des “leçons apprises” ne seront pas seulement pris en compte dans le cadre des missions futures, mais aussi de celles en cours », explique-t-elle dans sa note de politique générale pour 2022. Les socialistes plaident depuis longtemps pour un meilleur contrôle parlementaire sur les opérations militaires belges avec une plus grande implication dans le processus décisionnel.

Au vu des récentes expériences, on ne peut que rester prudent avant de formaliser ce déploiement au Sahel. Le soutien parlementaire donnerait du poids à la décision du gouvernement surtout s’il y avait malheureusement des morts belges d’où la prudence de la ministre.

67 commentaires

  1. Il est consternant de constater qu’il est nettement plus aisé d’envoyer nos soldats d’ élite ds. une opération de rapatriement risquée en Afghanistan avec un matérile périmé plutôt que s’engager réellement ds . des opérations de combats qui concernent directement nos intérêts en Afrique et notre lutte anti- djihadiste sur place .

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  2. On verra bien si des soldats européens s’installeront à Gossi avec la fonte des effectifs français de Barkhane.

    Il n’y aura pas de départ à court terme sans force pour réoccuper, mais le site n’attire pas vraiment car isolé de tout et Takuba s’est déjà pris de gros rateaux dans ce domaine avec les Européens malgré les communiqués toujours triomphants de de la communication officielle française…

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  3. Le pêché originel de Serval/ Barkane pour certains maliens, c’est de ne pas avoir génocider ceux qui ne veulent pas être gouverné par Bamako et d’avoir menacé l’intégrité territoriale du pays, le coupant de fait en deux.

    Une solution « à l’africaine », ce point qui alimente le sentiment anti-français est totalement absent dans nos médias.

    En 2013, l’ennemi pour Bamako, c’était les Touaregs, dopés par les revenants du chaos libyen.
    https://www.revueconflits.com/terrorisme-burkina-faso-herve-thery-daniel-dory/

    Avec des voix dissonantes dans le storytelling des autorités françaises:
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/mali-non-seulement-ce-nest-pas-gagnable-mais-cest-deja-perdu

    Aujourd’hui, pour les sédentaires d’Afrique de l’ouest, l’ennemi, ce sont les Peuls:
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/08/en-cote-d-ivoire-la-menace-djihadiste-attise-les-tensions-communautaires_6112803_3212.html

    Côté équipement des diverses factions terroristes, depuis 2011 et à un horizon prévisible, il y a tout ce qu’il faut en Libye pour alimenter la chaudière d’est en ouest du continent africain:
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/12/01/en-libye-les-stocks-d-armes-restent-eleves-et-suffisants-pour-alimenter-tout-conflit-futur_6104289_3212.html

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  4. Il reste les pays du Golfe de Guinée comme destinations possibles:
    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220221-fin-de-barkhane-au-mali-quelle-place-pour-les-pays-du-golfe-de-guin%C3%A9e-dans-le-futur-dispositif

    Le Niger, je ne le sens pas très chaud, ils ont l’impression quand louvoyant ils échapperont au pire ?
    https://www.lepoint.fr/afrique/redeploiement-de-barkhane-comment-le-niger-compte-s-y-prendre-21-02-2022-2465602_3826.php

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