Un investissement historique de 2,6 milliards pour la Défense luxembourgeoise pour l’achat de véhicules du programme Scorpion

Avec l’arrivée des Jaguar et des Griffon, l’armée luxembourgeoise va faire un saut capacitaire car elle était équipée jusqu’ici de Dingo et d’Hummer (crédit-photo LU Arméi)

La Défense luxembourgeoise va consentir un investissement historique de 2,6 milliards d’euros pour l’achat de véhicules du programme Scorpion.

La ministre de la Défense luxembourgeoise, Yuriko Backes, et le chef de l’état-major de l’armée luxembourgeoise, le général Steve Thull, ont annoncé le 8 mai aux députés et à la presse le dépôt d’un projet de loi pour un investissement historique de 2,6 milliards d’euros. Objectif: équiper le nouveau bataillon de reconnaissance de combat médian belgo-luxembourgeois et atteindre les 2% du RNB. En 2021, la Belgique et le Luxembourg ont reçu cet objectif capacitaire de la part de l’OTAN. Après plusieurs étapes, les deux pays ont signé formellement un accord de coopération pour la mise en place et l’exploitation conjointe du bataillon. Dans ce cadre, les deux armées ont créé le groupe de travail ERMESINDE en janvier 2022.

La question de l’équipement de ce nouveau bataillon se trouvait bien sûr au centre des discussions. En 2021, la Belgique avait déjà fait son choix pour ses nouveaux véhicules terrestres avec le choix du programme français Scorpion dans le cadre du contrat CaMo. De son côté, le Luxembourg avait annoncé en 2021 se porter sur les radios du programme Scorpion pour équiper les remplaçants du Hummer et du Dingo pour être interopéable avec la Belgique et la France. Ses derniers mois, le Luxembourg ne cachait plus son intention de rejoindre formellement le programme Scorpion au fur et à mesure que se concrétisait le projet du nouveau bataillon de reconnaissance binational, notamment dans le nouveau document stratégique Les Lignes Directrices de la Défense luxembourgeoise à l’horizon 2035. L’accord de 2023 prévoyait le détachement de personnel clé luxembourgeois en Belgique et en France auprès des états-majors compétents dans le cadre du développement de cette nouvelle doctrine durant la phase initiale de développement du bataillon entre 2025 et 2028.

Le premier comité directeur pour la création du nouveau bataillon binational, mis en place dans le cadre d’ERMESINDE, s’est réuni en février de cette année (crédit-photo LU Arméi)

Ce nouveau projet de loi concrétise donc l’intérêt luxembourgeois et formalise donc l’équipement du futur bataillon de reconnaissance belgo-luxembourgeois. Il financera l’acquisition de 16 Griffon, 38 Jaguar et 5 Serval ainsi que de véhicules d’appui et soutien: 2 véhicules de recouvrement blindés, 3 dépanneuses blindées, 50 camions multi logistic support truck, 24 camions transporteurs de char et 48 wagons polyvalents surbaissés. Ces derniers véhicules seront aussi semblables à ceux acquis ou en cours d’acquisition par la Belgique. Par exemple, la Composante Terre a commandé 28 véhicules de recouvrement logistiques (15 Combat Recovery Vehicle et 13 Protected Recovery Vehicle) à l’entreprise française Soframe, dont les livraisons ont débuté en 2022.

Sur les 2,6 milliards d’euros, la plus grande partie sera consacrée aux véhicules Griffon et Jaguar à savoir 1,9 milliard d’euros. L’investissement est prévu pour une durée de 30 ans entre 2025 et 2055. L’enveloppe de 811,5 millions d’euros est consacrée à l’acquisition du matériel roulant incluant les dotations initiales en pièces de rechange, l’outillage spécifique, la documentation, un stock initial de projection et les formations initiales. La deuxième grosse enveloppe d’environ 800 millions d’euros comprend la fourniture des pièces de rechange, l’assistance technique et la formation continue. Une autre enveloppe de 515,5 millions d’euros sera investie dans la maintenance industrielle et une dernière grosse enveloppe de 406,1 millions d’euros servira à la mise à niveau des sous-systèmes.

Depuis 2023, l’armée luxembourgeoise est déployée en Roumanie au sein du détachement belge et travaille de plus en plus avec la France (crédit-photo FR EMA)

Ce bataillon de reconnaissance sera spécialisé dans la collecte de renseignements sur l’ennemi, le combat et la sécurisation de zones. Il comprendra 700 hommes, qui seront répartis en quatre escadron, deux belges et deux luxembourgeois. L’état-major et un escadron luxembourgeois seront casernés à Arlon en Belgique. Un autre escadron luxembourgeois et une compagnie weapons seront basés à Diekirch au Luxembourg et une dernière compagnie logistique au sein du nouveau hub militaire multimodal que veut créer l’armée luxembourgeoise. La livraison des premiers véhicules est prévue pour 2028, année de la mise en place finale du bataillon.

Pour l’armée luxembourgeoise, le défi est énorme car cela nécessitera d’abord le recrutement d’une centaine de militaires supplémentaires pour son bon fonctionnement selon les premières estimations. Il s’agit également d’un saut capacitaire puisque le bataillon sera de capacité médiane ce qu’elle n’a jamais eue. L’armée luxembourgeoise devra aussi constituer un stock de munitions car elles seront différentes de celles qu’elle a actuellement.

2 commentaires

  1. Les choses avancent. Officiellement par cette commande, le Grand Duché finance concrètement et humainement ce projet mené en coopération. A présent, il semblerait qu’il y ait une évolution assez franche chez notre voisin et n’y aurait-il donc pas là, mais dans d’autres domaines de la défense de nouvelles occasions à travailler. Le domaine naval par exemple : Les autorités Belges en proximité avec celles des Pays Bas ne pourraient-elles pas proposer au Grd duché de participer à des projets commun typés . Soit, financer à 50% la construction et l’entretien d’une 03e Frégate ASWF qui elle serait Belgo/Luxembourgeoise. Ou encore, contribuer pour 1/3 à la construction et la mise en flotte non pas d’une, mais ici de 02 ASWF. Elles seraient ici estampillées BENELUX. Voyez-vous le potentiel naval supplémentaire qui serait ainsi apporté à l’Otan ? Notamment pour la protection des communications maritimes du Nord/Nord-Ouest de l’Europe. Autre sujet, celui de la puissance aérienne BENELUX/OTAN. Le Luxembourg ne pourrait-il se voir proposé totalement ou partiellement le financement pour la mise sur pied et cela sous 10 ans d’un demi-escadron de F35. Il serait à stationner sur l’une des deux Bases Belges où de lourds investissements sont en cours et ce pour peu d’aéronefs….. 36/2 sites. Coût : +ou- 1 Md€ pour l’achat d’une dizaine de machines et l’environnement de celles-ci. L’une des idées qui est aussi associée à cette réflexion, c’est qu’au niveau National Belge, le contrat des 45 jets prévus pour une mise à disposition vers l’Otan serait ainsi tenu. Cela dit et en tout état de cause, la participation du Grand Duché ne peut se limiter qu’à ses seuls financements. Il doit au quotidien être incontestablement présent par ses Nationaux. L’intérêt du choix des deux projet ici évoqués, c’est qu’ils touchent à des armes techniques. l’Aviation et la Marine. Des univers certes très coûteux mais qui ne nécessitent pas une pléthore d’opérationnels mais qui par contre exigent des personnes ayant une solide formation de base. Indubitablement, celles ci existent aussi au Luxembourg. Donc pas de secrets. Pour les attirer, cela doit être fait par l’offre de bonnes conditions de vie appuyées sur un volet financier très attractif. Aussi et en conclusion: A débattre !

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  2. On va essayer de faire clair.

    A ce jour, côté belge, il est prévu, à l’horizon 2030-2032, de remplacer les trois vieilles frégates actuelles par deux flambant neuf.

    A ce jour, il a été prévu un budget de 1 Mrd € pour ces deux nouveaux bateaux. Le coût réel estimé, au plus bas, est de 2.2 Mrd €, soit, au mieux, 1.2 Mrd € à budgéter d’ici 2030 en plus.

    Avant de parler d’une troisième, voire d’une quatrième frégate, il va déjà falloir payer ce qui a déjà été commandé.

    Au surplus, à ce jour, la Marine n’a pas les effectifs pour armer deux frégates de manière permanente. Du coup, une troisième, voire une quatrième, c’est tout sauf réaliste, même avec le recrutement de 3 pêcheurs à la truite sur la Moselle.

    Pour ce qui est du F-35, même réflexion. Avant de proposer au GD Lux d’en acheter une pincée en plus, il va falloir payer l’achat des 34 premiers. Ce qui n’est, à ce jour, pas fait.

    Il va aussi falloir penser à payer les surcoûts du Block 4 qui ne sera fini qu’à l’horizon 2030 ( d’ici là, le réacteur, le radar, le système de refroidissement …. auront changé). Et tout ça n’est pas couvert par la facture d’achat de 2018, n’en déplaise …

    Pour terminer, dire que la Marine et l’Armée de l’Air ne nécessite pas une pléthore d’opérationnels, c’est rigoler.

    Le F-35 en est un bel exemple, puisqu’en cas de déploiement, il nécessite, au minimum, le double de personnels (sans parler du matériel spécifique) d’un F-16, sans parler du fait que toutes les pannes ne seront pas traitées en Belgique.

    Ce ne sont ici que des faits, rien à voir avec le « il travaille pour Poutine » du fan club qui n’a aucune expérience en la matière.

    La bonne journée.

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