Vers une Composante Air et Espace au sein de la Défense belge ?

Quatre militaires belges ont participé pour la première fois à l’exercice Global Sentinel 2022 à la « Vandenberg Space Force Base » en Californie en août 2022 (crédit-photo
US Space Command)

La Composante Air pourrait avoir d’autres prérogatives.

Pendant trois ans, les voeux du chef de la Défense n’ont pas pu avoir lieu à cause de la pandémie covid-19. La cérémonie a fait son retour cette année. C’était la première pour la ministre Ludivine Dedonder et l’amiral Michel Hofman depuis leur prise de fonction le 25 janvier.

Dans son discours, l’amiral Michel Hofman a évoqué pour la première fois la possibilité de la création d’une Composante Air et Espace. « Nos adversaires sont pleinement engagés dans de nouveaux domaines tels que le cyber et l’espace (…)Nous voulons également nous appuyer sur la grande expertise belge dans le domaine spatial afin de permettre à la Composante Air d’évoluer vers une composante Air et Espace à long terme », a-t-il déclaré. Le journaliste de la VRT, Jens Franssen, a retranscris le discours de façon plus catégorique:« La Composante Air doit évoluer vers la Composante Air et Espace. » En néerlandais, il a employé le mot « moet evolueren » alors que le site de la Défense a écrit « te laten evolueren ». Une petite subtilité linguistique mais qui ne cache pas une volonté affichée de la Défense belge d’une nouvelle ambition ou pas pour sa Composante Air si cela ne reste que du changement sémantique mais pas stratégique.

Pour l’instant, la Belgique n’a pas de grande stratégie spatiale. Le major d’aviation Nicolas Gérôme, responsable du bureau Espace de la division Integrated Capability Management d’ACOS Strat depuis 2018, avait rédigé un article dans le numéro 22 de la Revue Militaire belge de décembre 2021 sur ce nouveau champs militaire. Le rôle d’agence spatiale était assuré par la direction du service public de programmation de la Politique scientifique fédérale (BELSPO). L’auteur soulignait que la Belgique n’avait pas non plus de stratégie spatiale de Défense. « Dans un avenir proche, la Défense doit viser un environnement spatial sûr, sécurisé, durable et résilient qui permette à tous les intervenants belges civils et militaires ainsi qu’aux citoyens de profiter pleinement des avantages de l’espace. Or cet objectif, comme tout ce qui concerne l’espace, possède un aspect intrinsèquement global qui exige une coordination multinationale et interdépartementale étroite », réclamait l’auteur. Le major d’aviation Nicolas Gérôme relevait toutefois que le sujet venait de faire son apparition dans les recommandations du comité stratégique de juin 2021.

Le plan STAR y accorde une place mais sans investissements majeurs pour l’instant. Via BELSPO, la Belgique participait au programme d’observation HELIOS depuis 2004. Il a duré une vingtaine d’années. En 2017, elle a signé un accord de coopération avec la France au programme CSO (Composante Spatiale Optique) avec une participation à hauteur de 100 millions d’euros, financés pour moitié par BELSPO et pour l’autre moitié par la Défense. Le 29 décembre 2020, la France a lancé avec succès son deuxième satellite d’observation militaire CSO-2 depuis le Centre Spatial Guyanais près de Kourou en Guyane. « L’imagerie stratégique fournie auparavant par HELIOS et aujourd’hui par les CSO est indispensable pour les opérations de Défense et pour l’appui de notre politique étrangère et découle des recommandations faites par la Commission Rwanda à l’époque. Depuis lors, l’utilisation opérationnelle des images satellitaires a décuplé et continuera de l’être à l’avenir », expliquait la Défense. Le plan STAR prévoit concrètement la création d’un centre de sécurité spatiale. En août 2022, quatre militaires belges ont participé pour la première fois à l’exercice Global Sentinel 2022 à la « Vandenberg Space Force Base » en Californie comme préparation à cette création. Ils ont opéré en tant que BEL Space Operations Center et faisaient partie d’un Regional Operations Center plus grand avec la France, la Finlande et la Suède.

Pays voisin, le Luxembourg a fait depuis longtemps part de ses ambitions dans le domaine spatial, un moyen d’apporter une plus-value auprès de ses partenaires internationaux. Le 28 février 2022, le ministre de la Défense François Bausch a présenté la première Stratégie Spatiale de Défense du Luxembourg. Dès 2018, la Défense luxembourgeoise s’était lancée dans le domaine satellitaire avec le lancement du satellite GovSat-1, qui a été fourni à la Composante Marine belge mais aussi la Minusma, l’EUTM Mozambique et la mission de l’OTAN en Irak depuis le Luxembourg. Il y a eu ensuite le programme LUXEOSys, qui permet l’acquisition et le lancement d’un satellite d’observation de la Terre, qui ne se met pas en place sans remous puisque son coût initial de 168,2 millions d’euros est passé à 350 millions d’euros. La Défense belge sera impliquée dans le projet. Une partie du projet est externalisée en Belgique, le centre militaire de Diekirch ne pouvant pas accueillir les installations au sol pour le satellite. Ces dernières seront basées à Redu tandis que la programmation des images (plan d’imagerie) et du contrôle de qualité sera assurée par la Défense belge depuis son quartier général d’Evere. Quant à la gestion opérationnelle et à la maintenance, elle a été confiée à la société LUXEOps qui a remporté le marché en octobre 2021. Le lancement du satellite et la mise en service sont prévus en 2023. Selon le ministre, cette stratégie s’articule autour d’un objectif à long terme, qui vise à ce que la Défense luxembourgeoise, en tant qu’acteur solidaire, consolide à l’horizon 2030 son rôle de partenaire de référence fiable dans le domaine de l’espace en s’appuyant sur les deux programmes GovSat-1 et LUXEOSys.

Ces dernières années, plusieurs armées ont rajouté la dénomination Espace à leur Armée de l’Air. Depuis 1985, l’armée américaine possédait déjà son propre US Space Command. En 2019, la Défense française s’est dotée d’un Commandement de l’espace et en 2020, l’Armée de l’Air française est devenue officiellement l’Armée de l’Air et de l’Espace. En 2022, la Ejército del Aire espagnole a changé de nom pour celui de Ejército del Aire y del Espacio.

3 commentaires

  1. Décidément, la défense belge ne loupe jamais une occasion de nous faire rire. On n’a plus de chars, on a surpayé les piranha-flahutte 90 au prix de 4 Léo II modernisés, une frégate a été immobilisée pendant près d’un an pour une maintenance de trois mois, l’autre s’est ridiculisée tant son équipage était peu entraîné, on achète des lances-patates au compte goutte – 9 gouttes parci, peut-être 3 autres par là quand la moindre « petite » armée comme les tchèques achètent du Caesar à la trentaine, on est déjà en train de réduire la bordée des futures frégates, et tout est à l’avenant, demain dans un effort suprême, qui ne sera pas réalisé on peut en être sûr, le budget de la défense atteindra si toutes les planètes sont alignées, que le vent est à l’ouest que que la NVA ne scinde pas le pays illégalement, peut-être, 1,35% du pib en 2098… Mais… Mais… on va créer une composante espace dans la composante air. Je parie qu’elle va travailler au déploiement de la constellation des satellites « Oufti », « Gamin » et « Gaufrette » du Liège Space Center de l’université éponyme.

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  2. Et bien ! On n’a pas assez de budget pour acheter plus de 34 F35, les nouvelles Frégates seront bridées au niveau lanceur, on n’ à plus de chars, pas d’hélicoptères en suffisance, une armée opérationnelle de quoi ? 10 000 soldats, … Et on veut développer l’espace … développez l’armée sur terre, où l’armée de terre, ça sera déjà une bonne chose ! C’est pas croyable !

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    • Il semblerait que certains (ir)responsables préfèrent regarder ds, la lune plutôt qu’avoir les pieds sur terre !
      Qd. les gens sensés regardent l’état de notre Armée les imbéciles regardent la lune !

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