Le bataillon de Chasseurs à Cheval au cœur des attentats du 22 mars à Bruxelles (première partie)

Un militaire sécurise les abords de l'aéroport de Zaventem pendant l'intervention des secours (photo BE Defense)
Un militaire sécurise les abords de l’aéroport de Zaventem pendant l’intervention des secours (photo BE Defense)

Le sergent Paul-Henri, le caporal Johan et le soldat Samuel faisaient partie du peloton de Chasseurs à Cheval (ISTAR) en opération Vigilant Guardian le 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles. Première partie de notre focus.

Le 22 mars 2016 peu avant 8H du matin, deux explosions simultanées retentissent à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles faisant une quinzaine de morts, dont les deux kamikazes, et une centaine de blessés. Les militaires de l’opération Vigilant Guardian, appartenant au bataillon de Chasseurs à Cheval, seront les premiers à arriver sur les lieux et à s’occuper des blessés. Leur action sera déterminante pour sauver des vies. Ils font partie des héros de cette triste journée qui a plongé la Belgique dans le deuil. En toute franchise et simplicité, certains d’entre eux ont accepté de témoigner sur leur action ce jour-là ainsi que leur vécu et leur expérience en tant que militaires. Des témoignages de premier plan.

À 8H un 22 mars 2016…

Au moment des explosions, le soldat Samuel se trouve dans les escalators avec son binôme pour retourner au local de repos quand il entend une détonation assez faible comme un « pétard » avant deux secondes plus tard d’entendre une énorme explosion deux étages au-dessus et de ressentir l’effet du blast : « Mon premier réflexe a été de charger mon arme pour qu’elle soit prête à tirer. » Arrivé à toute vitesse sur le lieu de l’explosion, il charge sa deuxième arme et se tient en position de tir avec son fusil d’assaut (FNC) prêt à riposter face à toute menace. « Sur le moment, je me suis dit que ce n’était pas possible que ça nous arrive à nous », évoque le caporal Johan qui confie même : « Pour moi, l’explosion venait de l’étage inférieur ce qui n’était pas le cas de mon binôme qui pensait l’inverse. Nous avons pris le parti d’aller en bas et nous avons commencé à descendre. Quelques secondes plus tard, la seconde explosion est survenu au-dessus de nous à l’étage supérieur où nous aurions dû être si nous avions choisi d’aller en haut »…Pour le sergent Paul-Henri, « ce qui se passait semblait irréel ». En premier lieu, les militaires sécurisent la zone, rejoignant le lieu des explosions en progression tactique. Ne voyant plus de danger immédiat, ils apportent leur aide aux nombreux blessés.

Au milieu des blessés

Un militaire du bataillon ISTAR sécurise le lieu de l'attentat à l'aéroport de Zaventem peu après les explosions. (photo REUTERS/Jef Versele/Handout)
Un militaire du bataillon ISTAR sécurise le lieu de l’attentat à l’aéroport de Zaventem peu après les explosions. (photo REUTERS/Jef Versele/Handout)

« Des morceaux de plafond tombaient et de la poussière et des débris en feu flottaient dans l’air. Les tuyaux du système anti-incendie étaient arrachés et l’eau coulait à flot… Il y avait beaucoup de monde qui demandait de l’aide », décrit le caporal Johan. « Évaluer la gravité des blessures en n’oubliant pas notre mission première, ce n’est pas évident», explique-t-il. Le soldat Samuel apporte son aide à un homme avec une fracture ouverte : « J’ai essayé de faire un garrot avec ce que je trouvais sur place à proximité : sangle de valise, ceinture, mais ça ne fonctionnait pas … C’est alors qu’un secouriste m’a lancé, en passant à plusieurs mètres de moi en courant un tourniquet. Je dois bien avouer que le tourniquet CAT est très efficace, deux secondes plus tard il était en place. » Plusieurs soldats du bataillon ISTAR ont utilisé ce fameux tourniquet CAT ce jour-là. Le sergent Paul-Henri dégage une hôtesse de l’air en état de choc pour l’aider à se déplacer vers un endroit plus sécurisé. De son côté, le caporal Johan fait un garrot à une dame dont le pied avait été arraché par l’explosion. Toutefois les militaires se sentent mieux dans leur mission première comme l’explique ce même caporal Johan qui apporte son aide à un homme dont le dos était perforé par un rail métallique, une situation compliquée à appréhender sans une forte formation médicale : « Tout à coup, un médecin est arrivé. Ce fut un soulagement pour moi. Je lui donnai le reste de mes pansements en sachant qu’il en ferait certainement meilleur usage que moi. J’allai pouvoir m’occuper essentiellement de ma mission, sécuriser les lieux en cas d’attaque multiple. » Au milieu de la confusion, les soldats du peloton sont dispersés.

Sécuriser les lieux avant tout

Cette photo postée sur Facebook a fait le buzz. Un militaire du bataillon ISTAR évacue un blessé de l'aéroport de Zaventem.
Cette photo postée sur Facebook a fait le buzz. Un militaire du bataillon ISTAR évacue un blessé de l’aéroport de Zaventem.

En effet dans le feu de l’action et l’urgence du moment, les binômes se trouvent éclatés comme c’est le cas du caporal Johan qui se retrouve avec un autre binôme que le sien : « Dans mon esprit, j’avais autre chose à faire que de surveiller mon binôme ». D’ailleurs selon ses dires, la confusion la plus totale est présente même chez certains passagers : « Dans les étages inférieurs, certains n’étaient même pas au courant de ce qui était en train de se passer et croyaient qu’il y avait eu un accident sur le chantier voisin, d’autres pensaient être en sécurité. » Après avoir apporté les premiers soins, les militaires se dirigent vers d’autres missions. Le sergent Paul-Henri s’occupe de la sécurité d’un parking pour empêcher les badauds d’approcher. Le soldat Samuel escorte avec un policier un groupe de blessés évacués vers des ambulances hors de l’hôpital, s’occupe de fouiller les parkings et ensuite accompagne les pompiers pour trouver des survivants dans les décombres. Sa journée se termine par la protection de l’hôtel Sheraton. De son côté, le caporal Johan se décide à chercher dans l’aéroport d’éventuels terroristes qui pourraient frapper à nouveau pour provoquer un sur-attentat. Après avoir retrouvé le commandant du peloton, il se charge d’élargir le périmètre de protection pour les secours et établit des tours de garde. Les hommes du bataillon de Chasseurs à Cheval sont relevés à 22H et se retrouvent quelques heures plus tard dans leur caserne après une journée qu’ils ne seront pas prêts d’oublier.

2017-02-05Au début de l’après-midi, la page Facebook du bataillon de Chasseurs à Cheval annonce qu’il n’y a aucune victime parmi ses hommes présents à l’aéroport de Zaventem. Le caporal Johan envoie un sms à sa femme trois heures après la première explosion : tout va bien, je te rappelle dès que je peux. Dans le feu de l’action toute la journée, la pression retombe au retour dans la caserne : « J’ai pensé à ma famille et à moi », raconte simplement le caporal. L’émotion est présente. Le sergent Paul-Henri ne peut s’empêcher de laisser couler quelques larmes, plusieurs heures après les explosions. Deux jours plus tard, ils étaient tout simplement de retour sur le terrain en mission Vigilant Guardian prêts à défendre leurs concitoyens si le terrorisme venait à frapper à nouveau la Belgique.

Deuxième partie à suivre dans les prochains jours…

2 commentaires

    • Et les chien de detection explosifs qui étaient la qq minutes après l explosion en mm temps que le dovo et qui ont permis de sécurisé tt la zone de départ le 22 et le 23 qui ont sweeper bagage valise,sac, sens compter tt les infrastructures à la recherche d une éventuelle 3 ieme bombe qui était bien là…. et ont permis aux équipe technique,des pompier,du divi de faire leurs boulot je pense qu on les oublies tt comme les gens du dovo…

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