Grosse déception pour l’industrie néerlandaise après le choix français pour les futurs chasseurs de mines belges

Le consortium français Naval & Robotics a remporté le marché des chasseurs de mines belges et néerlandais

Le choix français de la Belgique a des conséquences pour l’industrie navale néerlandaise et a été très commenté de l’autre côté de la frontière alors que les deux marines se disent satisfaites de leur coopération dans ce dossier. 

Une vraie déception pour l’industrie néerlandaise

L’avis est unanime en Belgique. Le consortium français Belgium Naval & Robotics, qui regroupait Naval Group et ECA-Robotics, avait la meilleure offre pour construire les futurs chasseurs de mines belges et néerlandais. Au-delà de la défaite de l’autre groupe français Thales, le groupe néerlandais Damen n’a pas réussi à convaincre avec des conséquences sur le long terme. Le site Marineschepen, spécialisé sur la marine néerlandaise, ne tardait pas à répercuter de nombreuses réactions négatives du monde industriel néerlandais dans son ensemble. L’organisation industrielle néerlandaise Maritime Technology (NMT) se montrait ainsi très déçu: « La décision va bien au-delà de la construction de nouveaux navires. Elle a également pour conséquence que les sociétés néerlandaises auront un rôle minimal dans le maintien de la durée de vie de la flotte des chasseurs de mines. Cela affaiblit également la coopération dans le triangle d’or entre les entreprises, le gouvernement et les instituts de recherche. Avec cette décision, le gouvernement laisse le secteur des technologies maritimes néerlandaises dans le froid. » Et pour cause.

Le groupe néerlandais Damen est un des grands perdants du dossier des chasseurs de mines

L’industrie néerlandaise écartée du domaine MCM pour plusieurs décennies

Jaime Karreman, journaliste pour Marineschepen, estime que l’industrie néerlandaise sera écartée dans le domaine de la lutte contre les mines (MCM) pour les trente et quarante prochaines années.« Au cours de ces dernières décennies, presque tous les pays ont négligé la lutte contre les mines. De nombreux pays vont maintenant vouloir moderniser leur flotte de MCM, tels que l’Allemagne, la Finlande, l’Estonie, la Roumanie et l’Indonésie. La Belgique et les Pays-Bas sont à la pointe, à la fois dans le temps et dans leur philosophie. Le monde entier du MCM observe donc leurs développements avec intérêt », écrit-il. Rien empêche Damen de remporter des marchés mais le fait de ne pas avoir été choisi par sa propre marine ne facilitera pas leur offre dans le cadre d’un appel de marché public. Le journaliste pointe aussi un manque de soutien global de la part des hommes politiques néerlandais envers leur industrie contrairement à la France. Désormais le groupe Damen va sans doute se concentrer sur le marché des frégates et des sous-marins mais il est plus compliqué car plus restreint à l’exportation.

La Belgique et les Pays-Bas ont signé un MoU pour le remplacement commun de leurs navires en juin 2018 (crédit-photo NL Defence)

Une coopération belgo-néerlandaise sous pression ?

Autre son de cloche avec le site du magazine belge Trends-Tendance qui n’est pas emballé. Le journaliste Alain Mouton estime que ce choix pourrait mettre sous pression la coopération belgo-néerlandaise dans le domaine maritime. « La lutte contre les mines menée par la Belgique en coopération avec les Pays-Bas est considérée comme une référence au sein de l’OTAN. Il s’agit d’un « partenariat entre pairs ». Cela change lorsque la France tente de renforcer son contrôle sur cet aspect de la défense européenne et poursuit ses propres intérêts géopolitiques », souligne-t-il. Tout comme le rappelait le site Marineschepen, la Belgique avait choisi de passer par un appel d’offres européen pour les chasseurs de mines ce que n’a pas fait les Pays-Bas pour les frégates. Dans le cadre du Memorandum of Understanding (MoU) signé entre les deux pays le 7 juin 2018, le gouvernement néerlandais était parfaitement au courant de la procédure et a donc tacitement accepté une possible défaite du groupe néerlandais. De plus, des membres du Defensie Materieel Organisatie (DMO) faisaient partie de l’équipe qui a évalué les offres et ils ont participé à la prise de décision. Officiellement, la Défense néerlandaise s’est félicitée de ce choix. « Cette décision marque une nouvelle étape dans les 70 années de coopération maritime entre pays voisins (…) C’est la première fois que les deux marines ont opté ensemble pour un produit identique dans lequel un pays prend la tête de l’appel d’offres », peut-on lire sur son site. Pas d’ombre au tableau.

Un vrai parcours d’équilibriste pour la Belgique

Côté belge, le dossier du remplacement des chasseurs de mines s’est déroulé sereinement et a été au final le moins commenté des trois dans la presse. Le site français La Tribune explique comment Naval Group a construit sa victoire en Belgique avec une offre difficilement refusable. De plus, la Belgique avec son art du « compromis » a tenté de répartir les investissements militaires entre ses différents partenaires. C’est ce que beaucoup pensent. Au final, la France aura une belle part entre le contrat CaMo et les chasseurs de mines. Le croisement entre partenaires industriels et partenaires militaires ne sont pas toujours compatibles. Ainsi les deux forces aériennes belge et néerlandaise ont fait le même choix pour leurs avions de chasse avec le F-35, écartant le Rafale français. La Belgique et le Luxembourg ont fait l’acquisition de plusieurs exemplaires de l’A400M européen en commun pour remplacer les C-130 américains. Dans le domaine terrestre, la Belgique va se rapprocher de la France avec un niveau de coopération inédit. On évoque aussi le Caesar pour l’artillerie. Mais, la Composante Terre aura toujours de la coopération avec ses voisins du Benelux. La reconnaissance est un domaine qui pourrait se renouveler en commun dans les années à venir. Les deux marines continueront également leur belle coopération avec des frégates néerlandaises mais des chasseurs de mines français. Un vrai parcours d’équilibriste qui a forcément fait des déçus.

Il aura fallu trois ans à la Belgique pour mener ses plus grands dossiers d’investissements avec le lancement de la vision stratégique en 2016. Quoique petite de taille, la Défense belge a été très convoitée par les groupes industriels et ses pays-alliés. L’exemple des chasseurs de mines en est une belle illustration.

 

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