La Défense a un plan « Ressources humaines » pour 2030

Le lieutenant-général Jan Hennes, chef de la DG HR, et le général-major Marc Thys, chef de l’équipe de transition de la Défense, ont présenté le plan « ressources humaines » de la Défense le 15 janvier dernier

Face à la situation critique de son personnel, la Défense a mis en place un plan ressources humaines pour 2030. Explications. 

La semaine dernière, le lieutenant-général Jan Hennes, directeur général Human Ressources de la Défense (DG HR), et le général-major Marc Thys, commandant de l’équipe de transition de la Défense, étaient auditionnés en commission de la Défense nationale par les députés. Cette audition a eu lieu dans le cadre de la proposition de résolution déposée par des députés socialistes sur la politique des ressources humaines au sein de la Défense en octobre dernier. Les deux officiers de l’armée belge ont présenté de façon détaillé le plan mis en place par la Défense pour 2030 afin de faire face aux défis du personnel au sein du département.

Une responsabilité partagée entre la Défense et le monde politique

Les deux officiers ont dépeint la situation critique du département surtout dans les unités de soutien. Ainsi la DGMR perdra 60% de son personnel d’ici cinq ans avec les départs en pension. Il faudra remplacer ces personnes expérimentés dans un département qui aura un rôle éminemment important avec l’arrivée des nouveaux systèmes d’armement. Les responsabilités de cette situation sont partagées entre l’armée et le monde politique. Depuis vingt ans, les réductions des effectifs ont été constantes avec des enveloppes de recrutement réduites jusqu’en 2015. Des choix ont été opérés dans l’affectation des budgets. Depuis 2016, le recrutement est reparti en forte hausse surtout dans les unités opérationnelles mais pas dans les fonctions plus spécifiques et techniques et il sera difficile de rattraper le retard de ces dernières années. Le dossier des pensions en 2016, une « douche froide » selon l’expression du lieutenant-général Jan Hennes, et l’incertitude sur les quartiers ont joué un rôle important dans les départs ces dernières années surtout chez les officiers. Avec ce nouveau plan HR, la Défense entend désormais plus s’adapter à son personnel et l’inverse comme cela pouvait être le cas jusqu’ici.

Un plan avec quatre axes

Le plan « Ressources humaines » de la Défense pour 2030 comprend quatre axes principaux: la diversification de l’afflux du personnel et l’optimisation du personnel actuel, l’amélioration de la formation pour augmenter la disponibilité et rendre les fonctions actuelles plus attractives, l’équilibre entre vie et travail, un meilleur soutien individuel pour que les militaires aient une meilleure connaissance de leur statut. Dans ces quatre axes, douze domaines de travail ont été fixés. La DG HR se donne un délai de dix ans à partir de 2020 pour la mise en place concrète du plan à savoir 2030, date butoir également de la vision stratégique du ministre Steven Vandeput. Des premières mesures ont été prises depuis deux ans. D’autres sont en cours de réalisation mais la situation politique avec un gouvernement en affaires courantes ne facilite pas la prise de certaines décisions.

La Défense veut accentuer les formations régionales (crédit-photo bataillon d’Artillerie)

Un meilleur équilibre régional

Parmi les premières initiatives, on peut citer la mise en place de formations régionales pour que les recrues se forment au plus près de leurs unités et de leurs domiciles. Cela fait partie du bien-être au travail. Pour le lieutenant-général Jan Hennes, il n’est également plus acceptable de faire 100-150 kilomètres pour aller travailler. « Il faut pouvoir rapprocher les personnes de leur lieu de travail. Certaines personnes nous disent: si vous me mutez, on vous quitte. On ne peut pas dire ok. Il faut changer notre approche », a-t-il expliqué. Dans ce cadre, la Défense travaille sur la mise en place de hubs dont un premier déjà effectif à Gand pour raccourcir les trajets et déplacer le travail vers le personnel. Mais surtout, elle a bien l’intention de réouvrir des quartiers pour combler des déserts militaires dans plusieurs provinces: Flandre-Orientale, Flandre-Occidentale et Hainaut.  Le général-major Marc Thys souligne ainsi que la Flandre-Orientale a le plus gros potentiel de recrutement mais qu’il ne pourrait rester plus que deux militaires dans cette province. De l’autre côté, le Limbourg a du personnel excédentaire. La Défense veut retrouver un meilleur équilibre dans la répartition des casernes mais concède que c’est un point délicat.

Investissements indispensables dans les infrastructures

La question des infrastructures sera primordiale dans le prolongement des efforts dans le domaine du bien-être, la priorité des priorités. Les investissements n’ont pas été suffisants ces dernières années avec un déficit historique. Le général-major Marc Thys estime qu’il faudrait 250 millions d’euros dans l’idéal pour avoir un budget satisfaisant si on se base sur les données de la régie des bâtiments. Jusqu’ici le montant alloué n’a pas dépassé les 70 millions d’euros par an. La Défense a un besoin structurel de 100 millions d’euros et espère y arriver pour 2023 si elle a le personnel suffisant. Un plan global a été préparé pour la législature suivante. Il s’agit d’avoir un niveau acceptable dans les vestiaires et les bureaux pour ses membres. L’autre volet sera les investissements dans l’infrastructure capacitaire pour une remise à jour. « Par exemple dans le cadre du dossier CaMo, les véhicules auront besoin d’un garage avec le Wi-Fi. Il faut que les véhicules soient connectés à internet », a-t-il illustré. Un nouveau hangar pour accueillir l’A400M est en train de voir le jour à Melsbroek.

Rendre plus attractif le métier de militaire

La Défense ne compte pas toucher au statut BDL malgré ce que voudrait certains députés. Elle estime que le statut est suffisant et sécurisant mais qu’il est méconnu et que des fausses rumeurs courent à son sujet tel que le refus de prêt ce qui est inexact. Pour combler des lacunes, l’armée belge mise sur l’ascension sociale et la promotion interne avec la volonté de recruter des sous-officiers parmi les soldats volontaires de statut BDL. Autres pistes de valorisation à l’étude: l’entraînement et les opérations. « L’entraînement est un facteur de motivation très important. Il doit poser un défi à nos jeunes. En 2020, un grand exercice est prévu en Jordanie. Nous voulons créer un entraînement attrayant avec des coopérations internationales mais on manque de personnel dans le soutien logistique pour le déploiement. On n’est pas capable de faire deux grands déploiements en même temps. C’est une lacune à éliminer », a expliqué le général-major Marc Thys aux députés. La fermeture du camp Lagland pendant un an entre 2018 et 2019 à cause de la peste porcine a fait perdre à l’armée belge un quart de sa capacité d’entraînement. De plus, Le lieutenant-général Jan Hennes a insisté sur l’écart grandissant entre les missions de l’armée et les moyens mis à sa disposition. « Les opérations ne s’arrêtent pas. Nos partenaires internationaux demandent un engagement qui dépasse nos possibilités », a abondé dans son sens le général-major Marc Thys.

L’outsourcing sera généralisée (crédit-photo Jurgen Braekevelt/BE DG-Com)

Recours indispensable à l’outsourcing

Ce plan confirme l’orientation de l’outsourcing considéré comme indispensable dans le prolongement des difficultés de s’engager dans des opérations. « L’outsourcing de tous les quartiers se fera », a déclaré le général-major Marc Thys. En attendant la réalisation de ces futurs projets, la Défense se concentre sur la mise en place d’une garde professionnelle, qui comprendrait des militaires proches de la pension ou en attente ainsi des militaires pensionnés avec un statut spécial. La Marine devrait suivre face à la pression opérationnelle. « L’externalisation de la gestion du port de Zeebruges sera obligée. Elle existe déjà depuis 1948 pour l’entretien des vaisseaux », a également indiqué le général-major Marc Thys. Pour le lieutenant-général Jan Hennes, l’armée n’aurait pas eu recours à l’outsourcing si elle avait eu le personnel suffisant. La Défense compte faire appel davantage aux civils mais aussi aux réservistes d’où la nécessité d’avoir un bon statut avec l’objectif d’attirer 2.000 à 3.000 réservistes par an. L’insourcing va faire son apparition avec le recrutement temporaire de certaines personnes pour des fonctions bien précises. D’autre part, l’armée veut pouvoir faciliter le retour des militaires ayant quitté leur fonction pour un passage dans le civil et bénéficier par la même occasion de leur expertise.

Le plan sera présenté sous peu aux syndicats. Ces derniers seront également auditionnés la semaine prochaine en commission dans le cadre du débat sur la politique des ressources humaines au sein de la Défense.

7 commentaires

  1. A cinq ans de la date butoir, on peut dire que la tâche sera ardue. Un temps redoutablement court, d’autant plus que je doute de la résolution de nos politiques à soutenir ces initiatives de tout leur coeur. Après tout, ce sont les mêmes qui ont détricoté la Défense année après année. De même, l’image peu flatteuse qu’a notre armée dans le public ne va pas aider au recrutement et la société de confort dans laquelle baigne notre jeunesse me fait aussi craindre qu’une vie souvent exigeante n’attire que bien peu de volontaires. J’espère pourtant que l’Armée pourra négocier cet important virage dans les meilleurs conditions. L’état d’esprit qui règne en Europe me fait étrangement penser à ces gens qui rechignent à payer leurs primes d’assurance en se disant que, finalement, rien ne leur arrivera jamais…. Jusqu’au jour où…

    J’aime

  2. Bonjour,
    Je fais partie des militaires qui font des trajets de plus de 100 kms pour aller travailler et DGHR me refuse un mod B pour rapprochement du domicile.
    Pouvez-vous m expliquer?
    Merci.

    J’aime

  3. je fais 254km aller retour et aucun avantage ou intervention de la défense de plus je dois payer 720 euros par an mon logement à la caserne si je ne veux pas faire les trajets tous les jours Est-ce normal de payer deux fois pour aller bosser

    J’aime

    • C est plus ou moins la même chose sauf que moi et ma femme nous n avons personnes pour un coup de main et elle est aide soignante donc quand elle fait le matin c est moi qui vais conduire les enfants à l école du coup j arrivé au boulot il est 10 hr du matin et je quitte vers 18 hr donc il ne m est pas permis de rester à la caserne

      J’aime

Répondre à Strebelle Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.