Focus sur les nouvelles Lignes directrices pour 2035 de la Défense luxembourgeoise

La Défense luxembourgeoise s’est dotée de nouvelles Lignes Directrices, une actualisation de celles de 2017 (crédit-photo Direction de la défense LU)

Focus sur les nouvelles Lignes directrices pour 2035 de la Défense luxembourgeoise.

Une actualisation des Lignes Directrices pour 2025 publiées en 2017

En juillet 2017, la secrétaire d’État à la Défense luxembourgeoise, Francine Closener, a présenté le document « Lignes directrices de la défense luxembourgeoise à l’horizon 2025 et au-delà », une Vision stratégique luxembourgeoise. L’actuel ministre de la Défense François Bausch a produit une actualisation de ce document à l’horizon 2035, qui a nécessité deux ans de travail. « Dans ce contexte géopolitique profondément bouleversé, la Défense luxembourgeoise doit être capable d’agir et de contribuer à l’effort commun en matière de dissuasion et de défense collective ainsi que de prévention et de gestion de crise. Ces nouvelles Lignes directrices seront la référence pour la politique de défense du Luxembourg jusqu’au milieu de la prochaine décennie. Elles communiquent de façon transparente sur nos intérêts, objectifs et moyens envisagés. », a-t-il expliqué. Ce document confirme la volonté du Luxembourg d’atteindre le 1% du PIB pour 2028, un engagement pris en juin 2022. La Défense luxembourgeoise compte consacrer 2% de son budget à recherche et au développement dès cette année.

Un développement des activités ISR et une attention plus grande sur le cyber

Le « métier traditionnel » de la Défense luxembourgeoise, à savoir les activités dites « ISR » (intelligence, surveillance and reconnaissance) se verront davantage développées, résume le document. Au cœur des efforts figurera la mise sur pied et l’exploitation conjointe d’un bataillon binational de reconnaissance de combat médian ensemble avec la Belgique à l’horizon 2030. En outre, la Défense luxembourgeoise s’est spécialisée ces dernières années dans de nouveaux domaines, tels que le transport aérien stratégique, l’espace et le cyber. Contribuant à la lutte contre les nouvelles menaces, une attention particulière est dédiée aux menaces cyber. Il en va de même pour ce qui est des risques sécuritaires liés aux impacts et implications des changements environnementaux mondiaux, dont notamment le changement climatique. En conséquence, ces spécialisations se verront renforcées et développées davantage au cours des années à venir.

L’armée luxembourgeoise évolue aux côtés de l’armée française en Roumanie (crédit-photo LU Arméi)

Une nouvelle coopération avec la France avec la création du bataillon binational de reconnaissance de combat médian

En plus d’une coopération toujours aussi poussée avec la Belgique, le Luxembourg a bien également l’ambition de lancer une coopération avec la France, un choix logique après le choix de doter ces nouveaux véhicules de commandement, de liaison et de reconnaissance (CLRV) des radios du programme Scorpion. Cette coopération aura lieu dans le cadre de la création du bataillon binational de reconnaissance de combat médian, qui vise un effectif de 700 militaires environ.  » Par le terme « médian » il y a lieu de comprendre tout d’abord que cette unité s’articulera autour d’une famille de véhicules à roues plus robustes, telle qu’en voie d’acquisition par la Belgique dans le cadre du partenariat stratégique franco-belge dénommé CaMo et étroitement lié au programme français SCORPION », précise le document. Ainsi l’armée luxembourgeoise suivra la Belgique pour introduire une nouvelle doctrine en cours de développement sous l’égide de la France. Un partenariat très étroit avec la France sera essentiel pour garantir l’accès du Luxembourg à la technologie requise et donc assurer que cette future capacité soit à la hauteur des attentes, est-il souligné également dans le document. Durant une phase initiale, comprise entre 2025 et 2028 environ, du personnel clé luxembourgeois sera détaché en Belgique, voire en France, auprès des états-majors compétents au profit d’une mise en place rapide de l’unité.

En plus de cette création dans le domaine terrestre, le Luxembourg compte réintroduire des capacités antichar et introduire une capacité de contrôleur aérien avancé (JTAC) ce qui lui permettra d’évoluer vers des activités « ISTAR ». Il fera évoluer ses drones tactiques pour les intégrer dans des opérations en haut du spectre. Leur remplacement est envisagé vers 2028 pour tenir compte de l’évolution technologique rapide. La mise en place d’une capacité contre drones est visée.

Les hélicoptères H145M serviront pour des missions SAR (crédit-photo Police grand-ducale LU)

Pas d’utilisation militaire pour les hélicoptères H145M mais le lancement d’une capacité SAR

Dans le domaine aérien, la Défense luxembourgeoise poursuivra son soutien dans le développement des programmes A400M et A330 MRTT. Elle contribuera d’ici 2025 à l’exécution des missions de recherche et de sauvetage (SAR) avec les hélicoptères H145M. A moyen terme, la Défense évaluera les opportunités pour développer l’utilisation militaire de sa capacité H145M. Une coopération binationale avec un pays allié fera partie de cette analyse, explique le document. On peut penser à l’Allemagne et désormais la Belgique. Un projet de loi sur ses frais d’exploitation, de maintenance et de maintien en condition opérationnelle déposé le 5 mai dernier nous en dit plus sur ce qu’envisage le Luxembourg pour ses deux hélicoptères acquis en 2018. Il explique notamment pourquoi son usage militaire n’est plus envisagé à court terme. « La priorité du développement capacitaire étant la mise sur pied du bataillon de reconnaissance de combat bi-national (BELUX), le développement de la Composante Air des Forces armées a été ramené à un niveau d’ambition plus limité. Les ressources humaines limitées de l’armée luxembourgeoise exigent une concentration des efforts et ne permettent pas d’envisager une utilisation militaire de la capacité H145M en opération d’ici 2030 », détaille ainsi le projet de loi. Actuellement, le Luxembourg n’a pas de capacité SAR proprement dite et le gouvernement a décidé d’en mettre une en place fin 2022 en se tournant vers les H145M déjà acquis. Cette réorientation a nécessité l’acquisition de nouveaux équipements. Un montant de 86 millions d’euros a été budgété pour la période 2024-2038 pour son exploitation et sa maintenance. Il sera à charge de la Défense. Des contrats de service ont déjà été signés avec Luxembourg Air Ambulance, Airbus Germany, Safran et CAE Aviation Luxembourg.

La Défense luxembourgeoise souhaite également développer des capacités dans le domaine de l’Espace avec la poursuite des programmes déjà développés. Dans le domaine Cyber, elle a pour objectif de disposer d’une des défenses les plus cybersécurisées grâce à la maximisation des capacités de cyberdéfense. Elle compte aussi fournir des efforts dans le domaine de la communication stratégique, des états-majors internationaux et organismes multinationaux, de la vérification et le contrôle de l’exécution des traités multinationaux, la médecine militaire, la mobilité militaire et la rénovation des infrastructures militaires nationales et de soutiens (NSPA et WSA).

Un besoin de recrutement plus élevé

Le document note que les activités de l’armée luxembourgeoise ont considérablement augmenté mais que les effectifs sont restés relativement stables. Il y aura de moins en moins de polyvalence des postes avec une spécialisation des métiers croissante. Le nouveau bataillon nécessitera rien qu’à lui seul le recrutement d’une centaine de militaires supplémentaires pour son bon fonctionnement selon les premières estimations. Cela signifie que l’armée aura un fort besoin de recruter dans les années à venir. Le ministre François Bausch a indiqué aux députés qu’il espérait pouvoir avancer encore pendant cette législature sur le projet de loi sur l’organisation de l’armée luxembourgeoise qui doit permettre de moderniser les carrières dans l’armée et de répondre à ces futurs besoins de recrutement.

Dans les années à venir, l’armée luxembourgeoise va aussi changer son armement individuel et sera dotée du fusil d’assaut HK416 A7, une variante du fusil en service au sein de l’armée française, selon un communiqué du groupe Heckler & Koch au début du mois de mai. Côté tenue de combat, elle devrait se greffer sur le programme Belgian Defence Clothing System (BDCS) de la Défense belge.

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