La frégate Louise-Marie se dirige vers le Moyen-Orient pour participer à la mission ASPIDES

La frégate Louise-Marie quitte la base navale de Zeebrugge (crédit-photo Nicolas Vanden Bossche/A l’Avant-Garde)

La frégate Louise-Marie et son équipage ont quitté le port de Zeebrugge ce dimanche 10 mars en vue  de leur déploiement au Moyen-Orient dans le cadre des missions ASPIDES et AGENOR.


Une mission européenne défensive

Le 19 février dernier, les 27 ministres européens des Affaires étrangères ont donné leur feu vert au lancement de l’opération ASPIDES, mission visant à assurer la protection des navires commerciaux en Mer Rouge et dans le Golfe d’Aden. La Belgique a immédiatement annoncé y contribuer, par la participation de la frégate Louise-Marie. Contrairement à l’Operation Prosperity Guardian – coalition américano-britannique mise en place en décembre 2023 – l’opération ASPIDES n’a qu’une portée défensive en vue de « protéger […] les navires, et leur équipage, mais aussi assurer une stabilité et assurer une liberté de navigation dans la région » comme le rappelle la ministre de la Défense – Ludivine Dedonder (PS) – présente sur la base militaire pour saluer l’équipage avant son départ.

Discours de la ministre à l’équipage (crédit-photo Nicolas Vanden Bossche/A l’Avant-Garde)

Intensification de la menace sécuritaire dans la région

Les Houthis – milice proche de Téhéran et ouvertement hostile à Tel-Aviv – profitent du contexte sécuritaire actuel au Moyen-Orient pour accentuer leur pression militaire sur Israël et sur leurs partenaires. Depuis novembre, les attaques de drones ou de missiles balistiques contre des navires naviguant en mer Rouge et dans le golfe d’Aden sont quasi quotidiennes. Le rythme semble encore s’intensifier ces derniers jours. Le 6 mars, une attaque contre le navire MV True Confidence tua trois membres de l’équipage tandis que les Etats-Unis ont annoncé avoir déjoué une attaque à grande échelle – ce 9 mars – abattant la plupart des 28 drones ayant visé la coalition américano-britannique.

L’équipage entraîné, le navire renforcé

La ministre et l’état-major de la Défense rappellent la dangerosité de la mission tout en insistant sur l’opérationnalité de l’équipage et du navire, conçu à la fin des années 1980. Le Louise-Marie est une frégate de classe M (multi-missions, multi-usages) équipée de capacités antiaériennes, mer-sol et anti-sous-marines. L’amiral Tanguy Botman indique que les militaires déployés ont reçu l’entraînement nécessaire et « de nouveaux systèmes prêts pour répondre aux menaces de drone, même si les anciens systèmes fonctionnent très bien contre ce genre de nouvelles menaces ». Un membre de l’équipage explique que l’ossature du navire a plusieurs décennies mais que les systèmes sont suffisamment mis à jour, insistant également sur le caractère collectif de la mission et la complémentarité avec les navires partenaires.

Dernier entraînement en Méditerranée

Le commandant Vande Gaer et la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (crédit-photo Nicolas Vanden Bossche/A l’Avant-Garde)

La durée totale du déploiement est de quatre mois, comme le précise le commandant du Louise-Marie, le capitaine de frégate Helena Vande Gaer. Dans un premier temps, le navire et l’équipage se dirigeront vers la Méditerranée pour un dernier entraînement de quatre semaines. Ils seront ensuite déployés dans le cadre de la mission ASPIDES avant un déploiement ultime de quatre semaines dans le cadre de l’opération AGENOR, volet militaire de la mission européenne de surveillance dans le détroit d’Ormuz (EMASoH).

Avant le départ, les familles des militaires engagés ont eu l’occasion d’embarquer à bord du navire, pour un dernier au revoir.

10 commentaires

  1. La frégate est un peu vieille et à mon avis, les marins partent avec une « légère » inquiétude. Espérons que l’entrainement de 4 semaines prévu en Méditerranée permette d’affuter l’équipage et de faire en sorte qu’il fasse totalement corps avec leur batiment. Quoiqu’il en soit ce sera sans doute la mission la plus périlleuse jamais entreprise par un de nos navires depuis la deuxième guerre mondiale. Au premier abord, faire face à une bande de rebelle « primaires » comme les Houthis ne devrait pas effrayer nos marins, mais comme l’a bien mis en évidence la guerre en Ukraine, il faut parfois peu de moyen pour qu’un David triomphe d’un Goliath (confer le coulage du Moskva par les maigres forces ukrainiennes).

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  2. Hier notre fière Force Navale Be. aurait repris la mer pour contrer les Houthis en Mer Rouge et escorter les navires marchands ds. le détroit d’ Ormuz , souhaitons leur bonne chance en espérant que cette fois ils ne soient plus  » recalés  » .

    En mer rge. ils seront ds. le  » dur  » et ce ne sera + un exercice OTAN : les anglais , les allemands et même l’ US Navy le savent bien puisque déjà attaqués !

    Sécuriser la mer Rouge est un enjeu important pour la Belgique, qui possède la huitième flotte marchande au monde (440 cargos). “La défense de nos intérêts économiques est la pierre angulaire de notre politique étrangère depuis 200 ans. Il s’agit ici de nos intérêts vitaux”

    https://www.lalibre.be/…/du-jamais-vu-un-flop-pour…/

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  3. Passe d’arme lors des questions parlementaires entre la MinDef et Ducarme – l’attitude de la MinDef est proprement lamentable. Pour ceux que cela intéresse, c’est ici => https://twitter.com/ducarmedenis/status/1768579856357368104

    Autre chose, la presse commence à poser la question de la soutenabilité des coûts cumulés du F35. J’ajouterais ceux des frégates complètement somptuaires de la taille de destroyers…

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  4. Elément divertissant, à ce jour le coût total d’achat des deux frégates n’est absolument pas fixé. A tel enseigne que le principal syndicat de militaires se pose lui aussi publiquement des questions.

    Mais ça n’est pas grave. Imaginez ce que ça aurait donné si ça avait été le cas pour les chasseurs de mines.

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    • Et comment. Finalement, ces chasseurs de mine et le contrat CAMO sont les seuls projets qui semblent sous contrôle. Pour ce que l’on sait, les frégates c’est quoi déjà, X2 au doigt mouillé, et les PAAMS X 1/2, c’est bien ça, non?

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  5. Pour les frégates, on est parti d’1 Mrd € pour les deux bateaux. On en est à 2.2. Certains évoquent déjà 2.5.

    Hallucinant. BeNeSam, cette coop modèle …

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  6. C’est bien pour ça qu’il faut passer le le budget de la défense non pas à 2% mais à 3% du PIB d’ici 2030. Vu le désinvestissement des 30 derniers années, il faut tout reconstruire pour avoir une armée digne de ce nom, telle qu’on en avait une dans les années septante. Comment se fait-il qu’on n’ai aucune interrogation sur le fait de dépenser 50 % de notre budget pour les pensions et soins de santé alors que 2 petits pour cent pour notre défense, ça fait hurler tout le monde… Je comprends pas…

    Au moyen age, le plus important était de défendre le village en construisant une palissade solide ou un chateau fort assez solide pour dissuader un éventuel attaquant. Pourquoi, mille ans plus tard, notre pays ne veut plus assurer correctement la défense de son territoire ? La Belgique veut toujours compter sur l’OTAN pour la défendre, au lieu de se demander ce qu’elle même pourrait apporter à l’OTAN. Non seulement, on perd toute crédibilité geo-politique, mais en plus on perd en connaissance technique et strategique. D’autre part, nos jeunes ne sont plus assez « solide » physiquement et mentalement. C’est une raison pour lesquels ils se réfugient notamment dans la drogue.

    Triste destinée…

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  7. C’est tout le sel de la situation. Augmenter la norme budgétaire, soit.

    Mais cette augmentation de budget ne donnera pas forcément plus de moyens disponibles, puisqu’il faudra commencer par payer les hausses de factures sur ce qui est déjà en commande.

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