Tourmente politique pour la ministre de la Défense après le scandale d’Amay

La ministre Ludivine Dedonder (crédit-photo @Belga)

Un peloton du 4e Bataillon de Génie d’Amay a été dissous suite à des comportements intolérables lors de bizutages. Ludivine Dedonder (PS) sera interrogée en commission parlementaire ce mercredi

Des bizutages violents et dégradants

Jeudi 14 mars, lors d’une conférence de presse en compagnie du chef de la Défense, la ministre annonce que les faits concernent des « traitements dégradants, des coups et blessures, de chantage, de menaces entre soldats, de pressions exercées par des militaires sur des paires et d’une obligation de silence sur ces faits ». Outre ces révélations, VTM News évoquait une enquête sur un potentiel trafic de drogue et d’armes. Or, dans son édition du 16/03/2024, Le Soir épingle que ni le parquet fédéral ni le parquet de Liège n’auraient ouvert d’enquête concernant du trafic d’armes.

Des faits signalés depuis des années

Après de telles révélations, la séance plénière qui suivit fut mouvementée pour la ministre ; la critique centrale portant sur la combinaison entre la gravité des faits et leur durée.

« Ce qui est particulièrement inacceptable, c’est que des faits aussi graves aient pu passer sous le radar de la Défense pendant des mois voire des années […] sans véritable signalement » déclare Samuel Cogolati (Ecolo), demandant également « de mettre en place un point de contact externe à la Défense pour libérer la parole et protéger les victimes ». La ministre Dedonder annonce avoir été alertée des faits en novembre 2023, par la famille d’un militaire victime de ces violences. Or, les premiers signalements dateraient de 2021 voire d’encore avant. « En 2019, il y avait déjà eu une demande d’analyse de risques – charge psychosociale – concernant l’unité », déclare Philippe Sion, représentant  du syndicat militaire ACMP-CGMP, lors d’un débat sur RTL-TVI.

Pour certains, la responsabilité de la ministre pourrait être engagée : « Je veux que toute la lumière soit faite [….] on nous a dit qu’une partie de la vérité et je voudrais qu’on nous dise l’ensemble de la vérité […] la ministre de la Défense a une responsabilité majeure» déclare Georges Dallemagne (Les Engagés) dans « le Café sans filtre » de LN24. De son côté, Denis Ducarme (MR) déclare que « si la transparence n’est pas faite, cela pourrait déboucher sur une commission d’enquête », rejoignant George Dallemagne sur la nécessité d’éclairer le Parlement quant à la chronologie des mesures prises par la ministre. Signe d’une certaine nervosité, Ludivine Dedonder s’est emportée contre ce dernier et contre Theo Francken (N-VA) lors des discussions autour de deux projets de loi concernant la Défense, lors de cette même séance plénière. Déclarant « en avoir assez des brutes », la ministre dit ne plus chercher à discuter avec eux, énième épisode d’une relation houleuse entre les intéressés.

Des solutions proposées mais laissées sans suite

La critique la plus éclairante fut formulée par Kris Verduyckt (Vooruit), auteur d’une proposition de résolution déposée le 3 mars 2022, « relative à la création d’un environnement de travail sécurité à la Défense ». Le texte – juridiquement non contraignant et voté à l’unanimité en janvier 2023 – demande au gouvernement fédéral « d’organiser de manière externe le signalement, le traitement et l’examen des plaintes graves au moyen d’un point de contact indépendant et accessible à tous ». La proposition vise à contourner l’omerta régnante au sein de certains pans de l’institutions, comme le révèle le scandale en cours. « Il y avait des propositions de points de signalement externe et un plan global de sécurité sociale auprès de l’armée. Il a été présenté au staff et approuvé mais nous voyons que ça n’a pas été mis en application » souligne le socialiste flamand.

A l’heure du bilan, le constat est accablant. Des propositions existaient mais n’ont pas été mises en application, tandis que le bien-être des militaires constitue la pierre angulaire de la politique de la ministre depuis son entrée en fonction en octobre 2020. De plus, des témoignages affluent dans la presse, concernant des comportements similaires dans d’autres casernes. Une chose est sûre, la ministre de la Défense sera attendue de pied ferme – en commission – ce mercredi matin.

8 commentaires

  1. Petit rappel : les brimades, le harcèlement sexuels, les viols, le trafic de drogue … Ca fait des décennies que ça existe.

    Pour ce qui est du trafic d’armes et de munitions … Quand on peut aller se servir dans un stock de roquettes LAW, tout est possible.

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    • Allons allons, c’est une grande tradition de l’ABL de voir ses cadres se servir dans les quelques stocks, cela à commencé dans les années ’80 avec les armes de la brigade Diane de la Gendarmerie. Il faut dire que les politiques, spécialement flamands (Vreven, Claes) avaient instauré une grande tradition de détournements.

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  2. Quand je pense au cirque du « Plus de munitions de guerre ni d’exercice » qu’on nous imposait à chaque retour de manoeuvre …

    Et Conings qui se remplit les poches avec des LAW …

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    • Là ou l’on se rend compte que l’on dispose encore de LAW… je pensais que tout ces vieux trucs devaient être remplacés par des pzfst.

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  3. C’est la société d’aujourhui , monté de l’insécurité, violence, consommation de produits stupéfiants ,plus ordre moral.Le vers est dans le fruit.Dans toute les catégories sociale, dans toute les institutions , police il y a des ripoux , armée problèmes , nos hommes et femmes politique atteint aussi.Le monde va à veau l’eau.

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